Ce titre provocateur est l’œuvre du professeur des universités Philippe Baumard qui vient de publier chez CNRS éditions un essai sur la disparition de la pensée stratégique au XXIè siècle. Ce livre est au cœur du non dit de l’élection présidentielle à venir. Les candidats sont-ils capables de définir une stratégie pour la France ? Pour l’instant ce n’est pas le cas. La caisse de résonance médiatique ne restitue que des mots teintés d’un patriotisme introuvable, des slogans qui sonnent en creux, des justifications de dépenses budgétaires si minimes soient-elles par rapport au budget annuel de la France. L’auteur du vide stratégique prend le contrepied de la pensée dominante qui domine la classe politique. Le panier de la ménagère, la satisfaction du consumérisme individuel, les enjeux socioéconomiques sont le baromètre de la chasse à l’électeur. Mais il manque l’essentiel : comment accroître la richesse de ce pays par une stratégie de puissance assumée et cohérente sans pour autant être nationaliste. Les Etats-Unis, la Chine, l’Allemagne ont cette capacité, pas la France. Pourquoi ? A cette question, Philippe Baumard formule une analyse de fond très influencée par les grilles de lecture anglo-saxonnes (notamment par le professeur W. H Starbuck). C’est sans doute la limite d’un ouvrage qui a le grand mérite d’ouvrir enfin le débat sur l’essentiel sans pour autant le proclamer haut et fort. Quelle stratégie pour la France ? Mais il suffit de lire entre les lignes. On imagine ce qu’il en aurait été de l’issue de la seconde guerre mondiale, si Winston Churchill avait cherché à plaire à ses électeurs. Il a choisi la voie du sang et des larmes et il a été un des acteurs essentiels pour libérer l’Europe du joug nazi. Le XXIè siècle est mal parti pour être une période de paix. A bon entendeur salut.