NetCentrex : Une PME française victime du « laissez faire » libéral français
Les faits suivants, dont le dénouement n’a bizarrement été pas ou très peu narré dans les média, illustrent bien l’incapacité de la France à protéger ses entreprises et à assoir sa puissance sur la scène internationale.
En décembre 1998 la société NetCentrex vit le jour d’un essaimage de France Télécom par un de ses responsables de la recherche sur la téléphonie sur IP. Le succès de ce constructeur d’équipements de télécommunication de nouvelle génération ne tarda pas, et l’entreprise grandit vite pour afficher en 2005 un chiffre d’affaires de 41 millions d’euros, pour une marge de rentabilité de 15%.
En juillet 2006, présente dans 25 pays, comptant parmi ses clients une cinquantaine d’opérateurs, comprenant plus de 300 salariés, NetCentrex est rachetée par Comverse, entreprise israélienne, dont le siège se situe à New York, pour 149 millions d’euros.
En octobre 2011, il ne reste plus de cette PME française, qui a été pendant quelques années à la pointe de l’innovation et leader de son marché au niveau mondial, qu’une cinquantaine d’employés qui attendent d’être licenciés au terme de la 3ième et dernière vague d’un plan de licenciement qui a débuté le 1er juin.
Quelles sont les explications d’un tel gâchis? Est ce l’incompétence, l’incohérence et l’inconsistance de la société qui a dépensé 149 millions d’euros pour l’acquérir qui l’ont tuée ? Aux vues des résultats insolents de BroadSoft, son concurrent direct, pour l’année 2011 (ses revenus ont augmentés de 63%), nous pourrions également nous demander si NetCentrex n’a pas été une nouvelle victime d’une guerre dont nous n’avons pas encore saisi, en France, ni l’importance ni les conséquences. Mais le véritable fautif ne serait il pas l’état français qui ne s’est pas donné les moyens de protéger son entreprise, ses emplois et son innovation ?
L’ironie du sort est que dans le rapport Faure de 2007, présentant les conclusions d’un groupe de travail chargé de réfléchir sur les perspectives du secteur des télécommunications en France et en Europe, et soulignant le «besoin vital pour le secteur d’alimenter en permanence un vivier de nouvelles entreprises innovantes et d’accompagner les plus performantes jusqu'à la taille critique», NetCentrex est citée comme exemple de succès français.
Force est de constater que, NetCentrex, bien qu’ayant été identifiée comme stratégique pour le développement de l’innovation et de l’emploi en France, aujourd’hui, n’existe plus. Quand prendrons-nous enfin des mesures efficaces pour assoir la puissance française sur la scène internationale ?