Quand le lait maternel devient un débat d’influence

Allaiter son enfant stimule le développement de son système immunitaire, évite divers additifs et conservateurs alimentaires, permet le contact et limite les dépenses. Ces dernières années, allaiter devient également un acte civique. En initiant une plus grande proximité dans la relation mère-enfant, l’allaitement est une sensibilisation, un premier pas vers une forte cohésion de ce futur adulte avec sa société.  Ainsi une mère qui allaite devient donc une mère responsable, qui œuvre pour le bien-être de son bébé et la stabilité de sa société.  Et une femme à la pointe d’un féminisme nouveau, où allaiter peut rimer avec femme émancipée.
La Leche League, groupe américain en faveur de l’allaitement maternel, soutient fortement ces arguments. Ce lobby pro-allaitement est dorénavant fortement reconnu,  même dans le milieu médical. Il est devenu un organisme de conseil pour de nombreuses instances (dont l’OMS, Organisation Mondiale de la Santé, entre autres) et incite à l’adoption de lois favorisant l’allaitement maternel.
De prime abord, un lobby pro-allaitement n’aurait pas de motivation économique évidente. A part pour les industriels des soutien-gorges adaptés et les coques recueille-lait, peut-être. Un tel groupe serait donc plutôt un groupe de pensée, essayant de faire accepter des concepts dans un but citoyen.
Si l’allaitement maternel promu par cet organisme n’était spécifiquement retrouvé qu’aux États-Unis, il serait relativement aisé d’imaginer une propagande pro-sein pour promouvoir un idéal de comportement dans d’autres contrées, pour un plus grand rayonnement du mode de vie américain. Mais en Europe, la grande majorité des femmes allaitent déjà (comme en Norvège, Suède, Hongrie, Suisse, Italie… où les taux dépassent 75%). Excepté en France, où seule 1 femme sur 2 fait ce choix. Combien même. Si  l’allaitement pouvait être un vecteur de familiarisation et d’adhésion aux idéaux d’une autre puissance ?
La France est l’une des puissances européennes. Si l’idéal et la morale imposaient aux Françaises d’allaiter, nous pourrions supposer qu’un mal-être s’installerait chez les mauvaises mères résistantes et que de nombreuses mamans raisonnables suivraient la doctrine la mieux installée. Les femmes vivraient donc mal les premières années post-grossesses, ou prolongeraient leurs congés pour allaiter plus longtemps ou encore allaiteraient (voire tireraient leur lait) sur leur lieu de travail. La productivité de la gente féminine française s’en retrouverait donc diminuée, et la puissance économique du pays avec.  Cqfd ?
Objectif idéologique et/ou économique, cela n’est guère éclaircit encore. Mais il est intéressant de se demander à quel point l’allaitement, mode d’alimentation, choix parental et argument santé ;  pourrait être instrumentalisé…