Depuis 1917, les relations avec la Russie ne sont jamais simples. L’évolution du contexte international les complique encore davantage. Il est pour l’instant impossible de baisser la garde avec ce pays à cause de la culture de ses services de renseignement profondément ancrée dans le système de pilotage de la Russie par le pouvoir politique russe. S’il est logique de redéfinir nos relations marchandes avec ce pays et d’approfondir le dialogue sur un certain nombre de dossiers géopolitiques, il faut rester lucide sur le bilan des ingérences exercées par les SR russes (SVR, GRU et même FSB) dans la société française. Ces derniers ont maintenu leur velléité d’infiltration des systèmes de décision des pays occidentaux. La direction des SR russes pérennise ainsi l’héritage des pratiques offensives de la guerre froide dans le domaine du renseignement. Les cibles ont évolué mais les méthodes restent les mêmes. Sur le plan politique, les milieux souverainistes français constituent une cible de choix car leur découplage du mode de pensée américain en fait un milieu propice aux opérations d’influence par le biais de cerces de réflexion ou par un appui financier discret à la publication de certains écrits. Cette démarche est problématique car elle crée de facto des fenêtres de vulnérabilité propices aux activités de renseignement humain (approche d’individus manipulables en raison de leur profil psychologique, injection d’un discours pro russe dans des débats géopolitiques, recomposition de réseaux d’influence dans les nouvelles mouvances politiques qui se différencient des jeux d’acteur traditionnels). Le fait est que la Russie n’est plus considérée à juste titre comme un adversaire mais l’activité de ses services de renseignement sur notre territoire n’en fait pas pour autant un allié qui respecte notre autonomie de décision stratégique. Il est donc impératif de conserver un professionnalisme élevé en matière de contre-ingérence et de contre-espionnage à la hauteur du cynisme des SR russes à notre égard. C’est justement une des missions de la DCRI. Dura lex sed lex.