La démarche de Pierre Rosanvallon sur l’égalité est louable mais complètement autiste par rapport à la réalité du monde. La recherche de la liberté est indissociable du contexte dans lequel l’homme évolue. Or force est de constater que Pierre Rosanvallon étudie la liberté comme les Américains parlent de la démocratie c’est-à-dire en oubliant l’essentiel qui est la manière dont l’homme évolue dans ses conditions de vie, ses relations avec les autres, sa culture, et son Histoire. Chercher à instaurer le principe d’égalité dans les tribus afghanes qui vivent en situation de survie depuis des millénaires est une absurdité. Il en est de même pour une majorité de peuples africains. Mais cette évidence ne s’arrête pas aux éternelles remarques sur le décalage entre niveaux de développement et contraintes culturelles telles qu’on peut les observer dans les relations ethniques africaines malmenées par le découpage colonial. Le principe de la recherche de l’égalité est indissociable de la manière dont l’individu évolue dans son environnement. Autrement dit, la grande faiblesse, voire l’incohérence de la démarche de Pierre Rosanvallon est d’isoler la problématique d’égalité des rapports de forces internationaux et de leurs effets sur la vie des citoyens. La recherche de coopération et l’esprit de réciprocité dont parle Pierre Rosanvallon ne sont pas seulement générés par une vision humaniste de l’espèce humaine et de son devenir mais par la capacité des individus à créer un projet commun à partir d’un territoire donné et de la gestion des rapports de force internes et externes qui en découlent. La facilité de la voie intellectuelle empruntée par Pierre Rosanvallon est de tout articuler autour de la recherche de liberté. Les contradictions au sein du peuple comme dirait Mao Tsé Toung, les rapports de force internationaux, les explications du monde générées par les puissances dominantes télescopent le discours sur la recherche de l’égalité. Le 28 décembre 2010, le parti communiste vietnamien inaugurait à Hanoï son 8ème congrès d’émulation patriotique. Derrière la langue de bois communiste transparaissent les termes de « coopération et d’esprit de réciprocité » pour maintenir le cap du socialisme. Mais le parti vietnamien omet d’énumérer les forces contraires qui minent l’unité du pays. La dynamique privée est une bombe à retardement qui n’a pas les mêmes conséquences qu’en Chine à cause des antécédents historiques du Vietnam et de la césure générée par les guerres d’Indochine entre le Nord et le Sud. A l’autre bout de la planète, le parti communiste vietnamien use à sa manière des subtilités tactiques de l’omission comme la pratique Pierre Rosanvallon sur les problématiques qu’il développe en France. L’art de l’éminent professeur du Collège de France pour placardiser les sujets qui l’indisposent dans d’autres disciplines ou de les nier en tant que tels, soulève une masse contradictions que la mansuétude des bienpensants à son égard ne suffit pas à éliminer du débat.