Positionner la France en Asie

Les débats sur la campagne présidentielle ont débuté depuis plusieurs et ne comportent pas de propositions innovantes sur la manière de redonner à la France des capacités de rebond de l’économie française sur les marchés à l’exportation. A ce titre il semble impératif de positionner la France sur le plus grand marché du monde : l’Asie. Or la démarche est d’autant plus difficile que les marchés sont beaucoup moins accessibles qu’ils n’en ont l’air.
A titre d’exemple, 20% des entreprises japonaises établies en Chine réalisent des bénéfices. Les tensions commerciales entre les deux pays commencent d’ailleurs à s’aiguiser. Le TGV chinois est motorisé par des entreprises japonaises. Cela n’empêche pas la Chine de vouloir déposer des brevets aux États-Unis sur la technologie de leur TGV en omettant de préciser ce détail, ce qui crée un différend entre les deux parties.
Pour combler notre déficit endémique du commerce extérieur avec cette partie du monde, il est donc important que les candidats à l’élection présidentielle commencent à se pencher sur des solutions complémentaires aux recettes traditionnelles qui figurent dans leur programme (réforme de la fiscalité, recherche d’un point de croissance supplémentaire).
Comme le font remarquer les Sud Coréens à leurs interlocuteurs français de la construction navale, nous ne sommes pas en posture de guerre économique et nous en subissons les conséquences : la France était numéro un mondial dans la construction des méthaniers. Les entreprises françaises concernées ont vendu les brevets aux Sud-Coréens qui ont fait de la construction naval un levier de puissance économique. Le résultat parle de lui-même. La France a perdu sa position de leadership au profit de la Corée du Sud et se contente de toucher une rente annuelle sur l’exploitation de ses brevets. Combien d’emplois avons-nous perdu dans l’opération et combien de territoires ont été touchés par cette absence de réflexion  ne termes de stratégie de puissance ?
L’approche opérationnelle de l’Asie implique plus que l’excellent savoir faire des grands voyageurs de commerce de quelques groupes du CAC 40. La démarche d’intelligence économique peut être un moyen parmi d’autres pour tenter de reconquérir des marchés. Cette esquisse de constat est une illustration de la lucidité qu’il nous faut acquérir dans une démarche qui ne doit pas se limiter à des recherches de profit à court terme.

Constat à faire sur les mauvais résultats économiques de la France sur le plus grand marché du monde :
•    Les performances de quelques groupes du CAC 40 dans la zone ne doivent pas être l’arbre qui cache la forêt.
•    Déficit endémique du commerce extérieur, difficultés des PME à exporter dans les pays d’Asie, résultats inférieurs à d’autres pays européens.
•    Le bilan du rapport Martre n’a servi à rien : absence de bilan sur la disparition des sociétés de commerce après la perte de l’Indochine, incapacité de créer des guichets uniques d’information (recensement des informations sur les villes jumelées avec des villes chinoises à partir d’un site Internet, incapacité à dépasser les contradictions politiciennes, aucun élan stratégique de patriotisme économique.
•    Incapacité à lutter contre les politiques protectionnistes.
•    Absence de vision stratégique sur la différence de modèle entre la politique d’accroissement de puissance comme la Chine (dictature communiste qui se sert de l’économie de marché pour habiller sa politique de puissance) et notre approche purement entrepreneuriale.

Nécessité de trouver des solutions : que vendre à l’Asie ? Comment vendre ?
Cette volonté implique-t-elle une politique de ré-industrialisation ? Quel dispositif informationnel faut-il construire (en tenant compte des limites du dispositif administratif actuel : les missions économiques et UbiFrance ne sont visiblement pas à la hauteur du défi à accomplir. Notre dispositif informationnel implanté localement est trop faible (pas de système équivalent aux fondations allemandes ou américaines, il faut créer une nouvelle culture informationnelle moins dépendant des experts anglo-saxons positionnés sur zone (réseaux d’influence, experts en renseignement, intermédiaires).