La polémique enfle sur le système Félin

Le système Félin commence à soulever bien des interrogations dans certains milieux de la Défense. La polémique porte sur la performance du combattant en situation de combat réel. Un soldat efficace est un militaire qui a la mobilité et la capacité de réagir aux situations du combat. La surcharge (une dizaine de kilos en plus de la charge habituelle pour le fantassin) et l’encombrement du matériel Félin porté pose un problème évident. Comment se déplacer dans les zones urbaines et plus précisément dans les zones détruites ou dans des bâtiments dès lors qu’on est face à un ennemi qui va exploiter les difficultés de mobilité de l’ennemi ? Ramper sous le feu de l’ennemi dans un éboulis ou dans des ruines, se faufiler dans un couloir étroit, est une épreuve rendue encore plus difficile avec le système Félin embarqué sur fantassin. La fiabilité de l’électronique et sa résistance à la poussière et à tous les obstacles du terrain rencontrés lors du cheminement du fantassin soulèvent bien des interrogations sur sa fiabilité opérationnelle. Les innovations technologiques proposées par les industriels de l’armement ne correspondent pas toujours aux besoins des militaires. Durant la seconde guerre mondiale, les améliorations apportées aux blindés allemands (le char Panther surclassait le T34 en matière de précision du tir) n’a pas compensé le rapport numériquement défavorable avec l’armée rouge. L’investissement dans la technologie (et la formation à son usage) réduit d’autant la possibilité d’action des armées de métier occidentales qui sont de moins en moins nombreuses en effectifs et qui sont exposées au coût des pertes humaines en termes de savoir faire. Les ingénieurs de l’armement qui ont conçu le système Félin n’ont pas réfléchi sur les contextes de guerre du faible au fort dans le monde dégradé dans lequel nous entrons depuis la fin de la guerre froide. Ces mêmes ingénieurs de l’armement  ont-ils daigné se pencher sur sur les critères d’efficacité du combat rapproché en contexte urbain. Un  dernier aspect est la somme d’informations qu’un homme en danger de mort doit gérer pour survivre et abattre l’ennemi qui le menace. Un officier britannique, stagiaire du Collège Interarmées de Défense redevenu École de Guerre) reconnaissait que chaque fois qu’il retournait sur le terrain en Afghanistan, il devait lire des dizaines de page supplémentaires à cause des innovations technologiques. Cet officier britannique expliqua qu’il devait coordonner u  tir d’hélicoptère en appui à sa section clouée au sol sous le feu de l’ennemi. Il était en liaison radio avec ses hommes, avec le pilote. Au bout d’un instant, il dut choisir avec qui il parlait car il ne pouvait plus humainement gérer tous ces flux d’information. Ce témoignage en dit long sur les limites de la technologie dans la manière de faire face au feu de l’ennemi. Autant de questions à se poser sur l’intérêt opérationnel du système Félin selon les situations de combat.