La Russie à la recherche de liens bilatéraux en Europe

Le 3 mars 2010, Dimitri Medvedev s'adressant à 500 chefs d'entreprise  français encourageait ces derniers à participer à la modernisation de la Russie et appelait les investisseurs à venir s'intéresser à ses entreprises. Le 25 janvier dernier,  le président français Sarkozy et le vice-premier ministre russe Setchine signaient un accord intergouvernemental pour la construction et la vente de quatre navires de guerre. Il semble, alors, que le lien entre la France et la Russie soit "particulier"…

Février 2011, le vice-premier ministre russe Joukov, en visite à Madrid avec le président Dimitri Medvedev, estimait que le montant global des investissements espagnols en Russie (d'un montant de 120 M$ en 2010) n'était pas substantiel, et en deçà de son potentiel. Un accord conjoint de "partenariat pour la modernisation" est signé, le roi Juan Carlos assure que les "hommes d'affaires [espagnols] sont prêts à aller travailler en Russie", l'année croisée Espagne-Russie est lancée…
Alors même que le président russe est en Espagne, son premier ministre, Vladimir Poutine était reçu à Bruxelles par la Commission Européenne. Sont abordés, alors, les thèmes inclus au partenariat stratégique russo-européen que sont les échanges économiques et industriels. Peut-être sera abordée la vision paneuropéenne de Poutine, cette union économique "de Lisbonne à Vladivostok" sous monnaie commune qu'il décrivait dans sa publication allemande.
Ainsi, les actions de séduction russes par des accords bilatéraux se multiplient alors que, théoriquement, chaque pays de l'Union Européenne devrait attendre ou privilégier la voie européenne. La Russie semble bien connaître la faiblesse de l'Union Européenne et en profite. S'allier avec le pays européen qui s'affirme en sortie de crise, rappeler sa domination sur les énergies en Europe, capter la technologie et les investissements de pays en souffrance de relance, tout en s'adossant à la représentation régionale qui lui permet de finaliser son entrée à l'Organisation Mondiale du Commerce, la Russie prouve par là qu'elle a un rôle à jouer et qu'elle reste un acteur incontournable de la survie économique européenne. Reste à savoir si les Etats européens mesurent les limites de ce que certains qualifient de double jeu russe dans une Union Européenne fragilisée, et s'ils préfèreront jouer la carte européenne ou la carte nationale.

 

Benjamin FAFART