Nespresso fragilisé par le débat sur les déchets ?

Surfant sur une image de luxe, d’exclusivité, de club fermé avec ses codes un peu à la manière d’une certaine marque arborant fièrement une pomme, de petites capsules multicolores ont rapidement conquis nos foyers grâce à un tour de force du marketing.
Fondé en 1986 Nespresso est en passe de franchir le cap des 9 milliard de capsules vendues par an pour un chiffre d’affaire annuel qui a cru d’environ 34% par an pour atteindre 1,8 milliards d’euros.
Pour préserver sa « poule aux œufs d’or », il aura fallu que Nespresso dépose 1700 brevets. Cela n’aura tout de même pas suffi, et le premier concurrent à ouvrir le feu sera l’enseigne Casino. Il n’est pas étonnant alors de voir alors le groupe Nestlé entamer procédure sur procédure pour défendre son produit, mais il est en revanche plus étonnant que le groupe n’ait pas souhaité allouer une partie de ces dépenses juridiques en recherche et développement, surtout quand l’on connait l’image quelque peu négative de la marque en matière de surabondance des déchets.
Victime de la taille de ses capsules, Nespresso n’a pu prétendre au recyclage par la voie du tri sélectif que tout récemment (2010) avec la mise en place par 3 centres de test d’une technologie dédiée. Il reste cependant est probable qu’à eux seuls ces trois centres puissent faire face au raz de marée des capsules consommées chaque jour.
Peut-on confiance aux consommateurs, doués d’une vertu inébranlable, qui iraient rapporter les petits sacs de capsules usagées dans l’un des points de collectes en vue de les recycler ? Difficile ainsi de rendre crédible le slogan de la marque prônant l’usage d’aluminium recyclé.
Piégé par le prisme d’une rentabilité à deux chiffres, le groupe Nespresso a oublié qu’une entreprise leader dans son segment devait aujourd’hui être une entreprise leader dans le domaine de l’innovation en matière de développement durable et de respect de l’environnement. A moins que la direction de Nexpresso ne réussisse à nous convaincre des mérites du recyclage au détriment de l’impacte CO2 sur l’environnement, il sera difficile à la marque de justifier son immobilisme face à une concurrence ayant opté pour une dosette biodégradable.