Le cas AXA contre le Pdg de Skyrock est un exemple intéressant de confrontation informationnelle qui sort des critères classiques qu’une entreprise traite habituellement. Il présente tous les ingrédients d'une guerre de l'information dans un rapport de force du faible au fort. Rappelons les faits : un conflit oppose Pierre Bellanger, fondateur de Skyrock, qui refuse de de quitter son poste de PDG en dépit de la demande de ses actionnaires, en particulier le fonds d’investissement Axa Private Equities. Ce dernier remet en question le coût salarial du Pdg, à savoir 620 000 euros annuels selon le quotidien économique La Tribune. Au lieu de démissionner, comme les actionnaires le lui demandaient, Pierre Bellanger, s’est retranché dans son bureau et a opté pour la position de la victime en gardant l’antenne et en s’en servant comme une « radio libre » pour appeler les auditeurs à le soutenir dans son combat. Aidé par ses proches, Pierre Bellanger est à l’origine d’un buzz radiophonique et virtuel qui s’est traduit par une couverture médiatique exceptionnelle : 450 articles (presse écrite, radio, télévision). Il a prolongé son action subversive par le biais des réseaux sociaux, en passant par Facebook et Twitter, obtenant ainsi 500 000 messages de soutien en quelques jours. Pierre Bellanger a prolongé cette guerre de l’information par une initiative de type culturel puisqu’il n’a pas hésité à lancer un appel de soutien à la radio pour l’organisation d’un hypothétique concert géant de Rap sur la place de la Nation. Cette pression du public a été trop forte et a obligé le fonds à revenir sur sa décision. La victoire de Pierre Bellanger s’explique aussi par la représentation emblématique du fondateur (créateur historique des premières radios libres, porte parole des manifestations de 1984 sur ces sujets, le premier à avoir donné la parole aux jeunes des banlieues via sa radio). Contrairement à ce que pensaient certains, le passé récent sulfureux de Pierre Bellanger (vie personnelle très agitée médiatisée il y a deux ans) n’a pas suffi à l'évincer sans résistance de sa part. Ils avaient juste omis ses nombreux points d'appuis dans les médias, la classe politique et aussi son histoire de précurseur dans la « société du spectacle » à la française.