Le 21 mai 2010, KBC avait annoncé la cession de sa filiale KBL European Private Bankers au groupe indien Hinduja pour 1,35 milliard d'euros. KBC est un célèbre groupe financier belge de bancassurance. KBL est le réseau européen de banque privée de KBC, basé à Luxembourg et implanté dans neuf autres pays européens (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Grande-Bretagne, Monaco, Pays-Bas, Pologne et Suisse).
Pour pouvoir acquérir KBL, le groupe Hinduja était obligé de soumettre l'éventuelle transaction aux organismes de contrôle des dix pays européens, cités ci-dessus, où KBL déploie ses activités.
Le 14 mars 2011, après concertation avec les autres autorités compétentes, l'autorité luxembourgeoise, la Commission de Surveillance du Secteur Financier (CCSF), a décidé de s'opposer à l'acquisition de KBL par le groupe indien Hinduja. Les arguments avancés sont le manque de transparence de la structure de l'acquéreur et la façon dont l'acquisition aurait été financée. En réalité, ce serait l'autorité de surveillance suisse qui aurait pesé dans la balance : celle-ci se refusant de voir la filiale de Genève partir en des mains exotiques liées aux trafics d'armes (Trends.be le 29 mars 2011). On passe d'un argumentaire technique (mode de financement) à un argumentaire basé sur l'éthique (manque de transparence, activité illégales) pour enfin aboutir au rejet du projet de vente de KBL au groupe Hinduja.
Cette décision, décevante pour le groupe belge KBC, est immédiatement suivie de l'arrivée de nouveaux candidats au rachat de KBL. Il s'agit du fonds d'investissement américain KKR & Co., des deux banques helvétiques Crédit Suisse Group et Julius Baer Group AG ainsi que du groupe français Crédit Agricole. Cependant, à l'heure actuelle, KBC n'a pas confirmé la remise en vente de sa filiale. En effet, non seulement aucune communication n'a pour l'instant été faite par le groupe belge, mais surtout, le prix pourrait être revu à la baisse de plusieurs centaines de millions d'euros...
Doit-on voir dans le déroulé de ce projet de vente, une forme de patriotisme financier helvétique? Patriotisme qui aurait l'aval de l'autorité de surveillance luxembourgeoise ? Ou plus largement d'une volonté de garder une main-mise occidentale et plus particulièrement européenne sur ce secteur ? Quoiqu'il en soit, ce sont les arguments de l'éthique, portés par les Européens, qui ont mis à mal la stratégie du groupe Hinduja. Le manque à gagner de KBC ne semble pas avoir été un frein à cet argumentaire et au blocage du projet de vente. L'éthique l'emporterait-elle sur le prix de vente ?
Stéphane Mortier
Pour pouvoir acquérir KBL, le groupe Hinduja était obligé de soumettre l'éventuelle transaction aux organismes de contrôle des dix pays européens, cités ci-dessus, où KBL déploie ses activités.
Le 14 mars 2011, après concertation avec les autres autorités compétentes, l'autorité luxembourgeoise, la Commission de Surveillance du Secteur Financier (CCSF), a décidé de s'opposer à l'acquisition de KBL par le groupe indien Hinduja. Les arguments avancés sont le manque de transparence de la structure de l'acquéreur et la façon dont l'acquisition aurait été financée. En réalité, ce serait l'autorité de surveillance suisse qui aurait pesé dans la balance : celle-ci se refusant de voir la filiale de Genève partir en des mains exotiques liées aux trafics d'armes (Trends.be le 29 mars 2011). On passe d'un argumentaire technique (mode de financement) à un argumentaire basé sur l'éthique (manque de transparence, activité illégales) pour enfin aboutir au rejet du projet de vente de KBL au groupe Hinduja.
Cette décision, décevante pour le groupe belge KBC, est immédiatement suivie de l'arrivée de nouveaux candidats au rachat de KBL. Il s'agit du fonds d'investissement américain KKR & Co., des deux banques helvétiques Crédit Suisse Group et Julius Baer Group AG ainsi que du groupe français Crédit Agricole. Cependant, à l'heure actuelle, KBC n'a pas confirmé la remise en vente de sa filiale. En effet, non seulement aucune communication n'a pour l'instant été faite par le groupe belge, mais surtout, le prix pourrait être revu à la baisse de plusieurs centaines de millions d'euros...
Doit-on voir dans le déroulé de ce projet de vente, une forme de patriotisme financier helvétique? Patriotisme qui aurait l'aval de l'autorité de surveillance luxembourgeoise ? Ou plus largement d'une volonté de garder une main-mise occidentale et plus particulièrement européenne sur ce secteur ? Quoiqu'il en soit, ce sont les arguments de l'éthique, portés par les Européens, qui ont mis à mal la stratégie du groupe Hinduja. Le manque à gagner de KBC ne semble pas avoir été un frein à cet argumentaire et au blocage du projet de vente. L'éthique l'emporterait-elle sur le prix de vente ?
Stéphane Mortier