La Belgique et l’Europe à la merci de la Chine

La Belgique n’a pas de gouvernement mais elle n’a pas non plus de politique étatique d’intelligence économique. Cette défaillance pénalise ce pays mais aussi par ricochet la cohérence technologique de l’Europe. Les technologies de l’information constituent un front stratégique sur lequel il ne faut surtout pas reculer. Or, non seulement c’est le cas, mais en plus nous subissons actuellement des défaites en rase campagne. Le cas d’école qui illustre cette paralysie est la manière dont  l’équipementier télécom chinois Huawei a vaincu l’Europe sur le marché des clés USB en rachetant à la société belge Option sa filiale M4S, qui était son seul concurrent européen sur le marché des clés Internet sans fil (3G). Cet accord intervient après une violente bataille de plusieurs années entre les deux sociétés. Bénéficiant de subventions du gouvernement chinois, Huawei a inondé depuis 2005 le marché européen de clés 3G et de modems sans fils similaires à ceux fabriqués par Option, mais vendus à un prix pouvant être inférieur à celui de leurs seuls composants. La part du marché européen du groupe chinois est donc passée de 0% en 2005 à près de 100% cette année. Étranglée, la société Option a été contrainte de réduire sa masse salariale de 750 à 250 employés et, pour éviter la faillite, a déposé une plainte pour dumping le 29 juillet devant la Commission européenne. En septembre, celle-ci a décidé d’ouvrir une enquête. Défendu par les antennes européennes de DLA Piper et Sidley Austin, Huawei a alors entamé des négociations avec son concurrent belge. Très handicapé par ses difficultés financières, Option a finalement été obligée de conclure une alliance avec le fabricant chinois, lui cédant sa filiale, et retirant sa plainte devant la Commission.