L’Allemagne mise sur les réseaux électriques intelligents

L’Allemagne est la locomotive industrielle de l’Europe. Cette situation résulte de la conjugaison d’un certain nombre de facteurs :

  • La spécificité de son économie d’espace vital depuis l’empire romain (forêts, territoires inhospitaliers, lenteur et difficultés du développement de l’agriculture).

  • La colonisation économique vers l’Est entamée dès la fin du Moyen Age.

  • L’essor du commerce maritime avec la Ligue hanséatique, organisation bismarckienne de l’économie réunifiée après 1870.

  • Les alliances croisées entre les banques, les assurances et les grands groupes industriels, position de leader de moyennes entreprises au niveau mondial.

  • La politique économique décentralisée au niveau des Länder favorisée par l’absence d’Etat unifié pendant plusieurs siècles.

  • Le positionnement stratégique de moyennes entreprises comme leader dans niches/produits sur le marché mondial.


Mais cette vitalité résulte aussi de sa stratégie de puissance actuelle. La volonté exprimée par Angela Merkel de construire une Allemagne forte se traduit dans les actes par de nouveaux types de partenariats industriels comme celui que le géant allemand de l’énergie E.On cherche à bâtir avec Deutsche Telecom dans le domaine des réseaux électriques intelligents. Johannes Teyssen, le PDG d’E.On a déclaré récemment  dans un entretien à l’édition allemande Financial Times : "Nous discutons par exemple avec Deutsche Telekom sur la part que chacun pourrait apporter dans les technologies intelligentes du futur". Il évoque aussi la possibilité de nouer des partenariats avec les éditeurs de logiciels professionnels comme SAP, Oracle ou HP.

L’Allemagne a compris que les réseaux électriques intelligents étaient le maillon d’une chaîne industrielle en construction qui croise plusieurs champs : la voiture électrique, la domotique, le e-commerce et à terme l’échange global d’informations entre les producteurs et les consommateurs.

A ce titre, les groupes comme E.On commencent à placer leurs pions sur l’échiquier européen pour conquérir de futures parts de marché. En France, l’énergéticien allemand a compris que les collectivités locales pouvaient être un très bon cœur de cible. C’est le cas notamment dans la Vienne où E.On envisage un rapprochement avec le syndicat d’énergie local (SIEEDV). Cette recherche d’alliance crée des dissensions du côté de certains élus locaux français, qui ont des intérêts contradictoires dans leur volonté de se réapproprier les flux financiers liés à la distribution de l’énergie.

Le dossier de l’énergie est particulièrement démonstratif de la recherche de puissance allemande comme l’a démontré l’accord bilatéral signé avec la Russie sur l’approvisionnement du gaz. Les groupes allemands positionnés  dans le secteur de l’énergie ont d’ailleurs une approche concertée des nouveaux marchés de l’Est. Cette concertation « concurrentielle » vise à harmoniser l’effort industriel de l’Allemagne dans cet enjeu vital.