Le 7 Septembre 2010 un chalutier chinois heurte 2 navires des gardes-côtes japonais prêts des îles Senkaku. C’est par cette dépêche lapidaire que commence une autre passe d’arme entre les deux plus grands rivaux d’Asie. L’affaire eut été classée sans suite si toute fois les autorités japonaises n’avaient pas détenues le capitaine dudit chalutier jusqu’au 24 Septembre. Cette crise diplomatique met en péril 4 ans de réchauffement dans les relations sino-japonaises et pourtant pour les deux belligérants le jeu en vaux la chandelle. Car ces iles ne totalisant pourtant que 7 km² donnent accès à un potentiel gisement gazier important. Au delà des ressentiments historiques sino-japonais et de la restitution de ses iles le 15 Mai 1972 par les Etats-Unis au Japon (au même titre que les iles Ryūkyū), ces iles et cette confrontation permettent de mettre à la lumière du jour les problématiques d’approvisionnements en matière première sur un fond de dispute territorial qui n’en fini pas d’empoisonner tout les résidents des mers de Chine.
Le prétexte des îles Senkaku
Rappelons un fait établi, les ratios sont les suivants Japon/Chine : population 9.48%, superficie 3,9%. Tout laisse à croire que le Japon serait dans une confrontation avec la Chine le David et pourtant… Voici comment la Chine a mis en place un mode opératoire efficace pour traiter les problèmes de zones territoriales maritimes. Reprenons le cas de l’USNS Impeccable le 8 Mars 2009. Le navire militaire de recherche océanique (non-armé) de l’US Navy se fait harceler par des embarcations chinoises «civiles», provoquant de peu une collision entre le dit navire et 2 chalutiers chinois qui s’étaient mis sur sa trajectoire. Aux yeux du publique si collision il y avait eu le bâtiment militaire (5,300 tonnes) eu été coupable et serait passe pour le «méchant» face aux petits chalutiers chinois (dépassant rarement les 1000 tonnes). Revenons au cas présent, l’emploi de ces navires de petits gabarits et «civiles» n’est pas fortuit.
Si la marine militaire chinoise est importante par le nombre, les navires chinois sont loin d’être à la pointe de la technologie (même si c’est en passe de changer) et que la PLAN (Peoples Liberation Army Navy) est toujours en train de sortir de son carcan doctrinal de marine côtière pour devenir une marine hauturière (projection de forces navales au large de la Somalie). Ce changement doctrinal montre également un fort complexe développé par la marine chinoise et explique pourquoi elle s’est pendant des siècles cantonné à la protection de ses cotes. Dans ce contexte la Chine ne peut donc pas jouer des muscles pour assoir sa souveraineté territoriale et la légitimé contrairement aux navires des gardes-côtes japonais de classe Hateruma qui ont d’ailleurs été spécialement crées pour cette tache.
Qui plus est d’une part une population sera toujours plus encline a blâmé un bâtiment militaire (classe Hateruma) qui plus est armé face à un chalutier, d’autre part notons qu’en plus il y avait 2 bâtiments du même type face à un seul chalutier. Enfin les Chinois peuvent arguer que contrairement aux japonais ils sont venu avec un navire «civile» ce qui renforce l’idée de pacifisme et qu’ils se sont retrouvés face à des navires de guerre armé donc par nature belliqueux.
Au final les chinois ont donc réussi à se présenter comme les victimes d’un état belliqueux et à s’attirer la sympathie mondiale et ainsi occulter le vrai enjeu qui est la souveraineté disputé du Japon sur les iles Senkaku. On notera cependant au vu de la démonstration ci-dessus qu’il s’agissait ici plus probablement d’une confrontation planifiée par les chinois.
L'arme des matières premières
L’élément important de cette affaire n’est pas une question de fierté nationale des deux parts mais plutôt un gisement gazier estimes à 1.700 milliards de pieds³. Ce gisement qui en 2008 avait fait l’objet d’un accord préalable pour le partage de cette ressource entre les 2 acteurs devait être signé le 10 Septembre 2010. On peut aux yeux de l’explication fournie plus haut si cet incident était donc réellement fortuit. Noyé ce report dans une masse d’événement afin de masquer la réticence des chinois de partager cette manne, car en effet quelques jours plus tard les chinois appliquait un blocus effectif (car jamais officiellement déclaré et reconnu par les autorités chinoises) à l’exportation de ses métaux rares vers le Japon. L’excavation de métaux rares mondiaux provenant à 96.99% de la Chine. Puisque les japonais n’avaient toujours pas capitulé à ce moment, le 23 Septembre les chinois enfoncent le clou et arrêtent 4 ressortissants japonais se trouvant dans la région de Hebei sur charge d’espionnage militaire. Le 24 Septembre le Japon relâchait finalement le capitaine du chalutier afin de montrer leur bonne volonté. Au vu de ce récapitulatif, on peut noter que même si la réponse des chinois fut graduelle l’arme décisive fut le blocage des métaux rares et l’arrestation de citoyens japonais. D’ailleurs on peut se demander une fois de plus si l’arrestation des japonais ne fut pas une orchestration minutée puisqu’ils furent relâchés le 30 Septembre, (pour trois d’entre eux seulement toute fois) ce qui pour avoir filmé des installations militaires chinoises semblent tout au plus léger. En définitif le foisonnement d’événement dans un temps restreint peut permettre au gouvernement chinois la saturation des canaux informationnels internationaux et ainsi passe sous silence les réels buts de cette orchestration savamment minutée : une certaine légitimation de la souveraineté sur ou autour des iles, un report sine die du partage du champ gazier, et dans une certaine mesure l’instauration d’un couloir naval vers la haute mer pour sa futur flotte navale.
Lorsqu’on connait la volonté du Japon de se re-axer des Etats-Unis vers la Chine et ce tout à fait légitimement on peut se dire que la Japon se trouve en mauvaise posture. En effet ils viennent de perdre l’initiative sur le champ de bataille des eaux territoriales et malgré leur légitimité de souveraineté plutôt avéré sur les iles Senkaku, cette dernière a été totalement occultée aux yeux des medias internationaux.
Philippe Lafoscade