Le Canada perd la guerre de l’information sur les produits dérivés du phoque

Conformément à sa volonté de garantir les normes élevées en matière de bien être animal et de mettre un terme à la chasse aux phoques jugée « répugnante et cruelle », la Commission européenne a adopté une résolution votée le 5 mai 2009 visant à interdire l’exportation des produits dérivés du phoque sur le territoire de l’Union européenne. Cette décision vise à répondre aux préoccupations exprimées par l’opinion publique sur les méthodes de chasse de cet animal qualifié de «mammifère sensible et capable de ressentir la douleur ».
Cet embargo complet prive le Canada, principal pays exportateur des produits du phoque, à l’accès à un marché important à savoir les marchés asiatique et russe. La résolution européenne prévoit une interdiction totale puisqu’elle met un terme non seulement à la commercialisation au sein de l’Union Européenne mais également au commerce de transit. Conséquence non négligeable pour l’économie canadienne qui a besoin de la voie européenne pour acheminer ses produits vers la Russie et l’Asie. Rappelons que la commercialisation de ces produits en Europe ne représente que 5% de ce marché. L’objectif du Canada reste le marché russe et asiatique. On s’interroge sur l’interdiction du commerce de transit qui n’est pas justifié. La riposte du Canada ne s’est pas fait attendre. Il porte l’affaire devant l’OMC et reçoit le soutien de la Norvège qui fait également partie des pays pratiquant la chasse aux phoques et estime que cette mesure enfreint les obligations commerciales de l’UE

L’offensive des associations de lutte contre la chasse aux phoques
Les ONG et les associations de défense d’animaux ont joué un rôle fédérateur au sein du processus décisionnel de l’Europe dans son interdiction de commercialisation de produits issus du phoque. La fondation de Brigitte Bardot qui depuis 1980 milite contre le massacre des phoques a agi en amont auprès du Président de la République Nicolas Sarkozy lors de sa présidence européenne pour interdire les produits dérivés du phoque. De plus cette fondation et l’association IFAW (International Fund for Animal Welfare) ont mené des actions de lobbying auprès des instances européennes non seulement pour son interdiction totale mais également dans le but d’annuler l’exemption octroyée aux Inuits dont la chasse a été qualifiée de «  chasse de subsistance »
Pour rallier l’opinion publique à sa cause, les organisations de lutte contre la chasse aux phoques utilisent divers moyens qui peuvent être qualifiés de « malhonnêtes » Cela passe par l’utilisation de vieilles photos ou l’on voit des bébés phoques abattus par des chasseurs alors même que la chasse des blanchons (bébés phoques) est interdite depuis 1987. Diffusion par ces associations de photos de chasseurs utilisant comme arme de chasse des bâtons à crochets, alors que cette technique n’est plus utilisée et que les chasseurs sont formés par des vétérinaires sur une technique de chasse plus « humaine. »
Cet état de fait est démontré par un documentaire « Les phoques- le film » réalisé par un canadien Raoul Jomphe qui met en exergue le business des « groupes animalistes » qui tirent amplement profit des campagnes de désinformation sur la chasse aux phoques. Cela passe par l’utilisation d’archives et de vidéos savamment mis en scène (vidéo de Serge Deyglun qui met en scène le dépeçage d’un bébé phoque par un chasseur. Ce dernier avouera plus tard qu’il a été payé pour cette mise en scène) ou l’utilisation de stars pour influencer l’opinion publique Brigitte bardot en France et Paul MC Cartney ancien Beatles qui a rejoint la Humane society of United States.

Une mauvaise communication canadienne ?
Force est de constater que le Canada a perdu cette guerre de l’information malgré ses ripostes ou il démontrait le caractère moins «cruel et barbare » de la chasse. Mais les mesures mises en place (lois sur les quotas de chasse et interdiction de l’abattage des blanchons), n’ont pas été suffisantes pour convaincre l’opinion publique. Le rappel sur  le caractère économique de la chasse qui est un moyen de subsistance essentiel des Inuits (la vente des produits dérivés d’un phoque permet de faire vivre une famille pendant sept mois) n’a pas non plus eu l’effet escompté.
La question centrale demeure d’actualité : quelle sera la stratégie du Canada pour commercialiser ses produits dérivés du phoque ? Notons que plusieurs pays aujourd’hui interdisent la commercialisation de ces produits parmi lesquels les États-Unis, la Belgique, la Hollande et maintenant l’Union Européenne dans son ensemble. Le marché russe et asiatique reste un marché stratégique pour ces produits. Plusieurs pistes s’offrent à lui.  Acheminer ses produits puisque les routes européennes lui sont fermées. Passer par la Norvège qui est hors Union Européenne et qui peut remplir une fonction d’opérateur de transit. Créer une voie maritime qui la relie directement à la Russie pour prévenir les « caprices futures » des européens ? Ou alors essayer de rallier les pays européens dont l’interdiction serait néfaste pour leur économie et trouver une solution commune et efficace ?