L’été 2010 a vu nombre d’informations concernant la Chine mises en avant. Tout d’abord, il y a le problème récurrent de la réévaluation du yuan, sorte de serpent de mer. Il y a eu par ailleurs l’accord avec Taiwan, économiquement et politiquement important, d’autant plus qu’il semble plus favorable à Taipeh. Ces informations, largement médiatisées, confirment la puissance de la Chine.
On note cependant un certain nombre d’informations tendant à mettre en avant les difficultés nouvelles rencontrées en Chine.
Le problème des nationalités
Si le Tibet, par l’intermédiaire du Dalaï-Lama, est toujours une épine pour la Chine, il y a également un problème important au Xinjiang, où les émeutes de l’an passé ont fait 200 morts. Si le responsable provincial du parti communiste a été remplacé, le mot d’ordre reste toujours « d’écraser les séparatistes ». Certains d’entre eux font actuellement l’objet d’un procès public. Pour ce faire, la répression classique se double d’une intense politique de colonisation puisque les ouïgours, qui représentaient 79 % de la population de cette province en 1949, ne représentent plus que 45,6 % en 2006, alors que l’on compte à la même date 44,6 % de hans et huis de souche chinoise. Le sujet est d’importance, puisque la province représente 13 % du pétrole et 28 % du gaz naturel.
Le coût du travail
Presque tous les médias occidentaux ont repris l’évolution du coût du travail dans l’ouest de la Chine industrielle, augmentation de 9,2 % à 24, 4 % selon les zones, passant à 171 $ mensuels pour le plus bas et 286 $ pour le plus haut. Et l’on se presse parallèlement de mettre en avant les 187,4 $ mensuels de l’Inde ou les 95,8 $ du Vietnam. Il est aussi mis en exergue les nouvelles orientations japonaises, préférant pour ses implantations la Thaïlande à la Chine. En outre, un certain nombre de problématiques nouvelles apparaissent (grèves locales chez Honda, suicides chez Foxconn, etc…). Cela reste bien sûr des cas isolés. Cependant, il est souligné le clivage Chine paysanne / Chine industrielle qui s’accentue.
Les difficultés commerciales
Un sondage effectué par la Chambre de commerce européenne en Chine estime qu’en 2010 34 % des entrepreneurs sont optimistes pour la rentabilité des entreprises européennes en chine contre 47 % en 2008. Beaucoup de résultats sont en effet mitigés. Une particularité peut-être des lois chinoises qui s’appliquent différemment selon que l’on est chinois ou étranger. Un exemple notoire est mis en avant, celui d’Alstom contre son ex-partenaire Insigma. Le tribunal de Singapour, saisi du litige a en effet estimé que l’entreprise chinoise Insigma a effectivement violé l’accord de licence en transférant la technologie d’Alstom à l’une de ses filiales, en l’utilisant en Chine et en ayant « une sérieuse intention » d’en faire autant à l’export dans la Communauté Européenne.
La démographie
Elle aussi est mise en avant, en particulier au niveau des projections de la pyramide des âges dès l’horizon 2025. Conséquence importante de la politique de natalité basée sur l’enfant unique, elle va confronter la Chine à une hausse exponentielle des sujets de plus de 65 ans.
Que conclure de ces informations qui semblent disparates ?
Va-t-on assister à une décomposition de l’Empire du Milieu, comme on a assisté à celle de l’empire soviétique ? Probablement pas dans un futur prévisible car, même si le modèle chinois est attaqué il lui reste cet immense marché intérieur qui devrait continuer à s’ouvrir de plus en plus, et qui constitue un gisement exceptionnel. Cependant, les menaces commencent à poindre et ce n’est probablement pas fini. En effet, la Secrétaire d’état Hillary Clinton ne déclarait-elle pas en 2009 devant l’ASEAN (Association des Nations de l’Asie du Sud-Est) en parlant des Etats-Unis : « nous sommes de retour » ?
Patrick Blanchard