Les prétextes de Greenpeace pour fuir le Golfe du Mexique

Depuis le début de la marée noire dans le Golf du Mexique, tout le monde s’étonne du silence assourdissant de Greenpeace sur le sujet. Organisation prompte à dénoncer les plus petites comme les plus grandes causes, Greenpeace se limite volontairement ou pas à la mise en place d’un concours de singerie du logo de BP. Les seules activistes et pour le coup les seules activités « indépendantes » immédiatement sur le terrain se résument à un groupe de jeunes étudiants défilant avec des banderoles et des pancartes sur les plages de Floride. Quelle résonance ! Quelle prise de risque ! Nous sommes loin des zodiacs qui caméra au poing et au péril de leurs occupants, barrent la route des thoniers et autres transports de matières fissiles !

Non décidemment, Greenpeace est certainement investie dans une cause autrement plus noble : la défense des orangs-outans en Indonésie. Voilà une cause importante. Qui de Nestlé, Kraft ou Unilever n’a pas eu droit à son clip « amateur » sur You Tube dénonçant à fort renfort de sang cette ignominie que représente la déforestation de l’Indonésie. Et maintenant encore plus fort, Greenpeace passe à la vitesse supérieure en produisant un rapport ce mois-ci dénonçant l’exploitation à des fins de production de pâte à papier, de la tourbière d’Indonésie ; tourbière qui à double titre doit être protégée puisqu’elle représente une importante réserve de CO2 et le « dernier refuge » des tigres de Sumatra !

La France et les sociétés françaises, jusqu’alors épargnées, ont aussi droit d’être ses suppôts de la déforestation criminelle. Cette déforestation est autrement plus criminelle que les millions d’animaux (oiseaux, poissons, batraciens etc.) tués par la marée noire sur les côtes du Texas ; de l’Alabama et des zones humides de Floride. Les sociétés Carrefour, Auchan, les magazines Elle et Marie-Claire sont complices de cette déforestation en s’approvisionnant en papier dans la société Asian Pulp and Paper (APP), filiale de Sinar Mas. Tel est l’objet du brûlot de Greenpeace.

Dans sa bataille aveugle contre APP/Sinar Mas, aussi producteur d’huile de palme (tiens la revoilà !), Greenpeace oublie la contribution par APP aux 216.000 hectares sanctuarisés pour les tigres de Sumatra.

Dans sa bataille aveugle, Greenpeace émet un rapport mettant en cause Carrefour au moment même de la présentation de ses résultats aux actionnaires et ce dans un contexte de concurrence acharnée entre les grands de la distribution sur la zone de l’Indonésie, la Malaisie et Singapour. Coïncidence fâcheuse :

  • le territoire même traité par le rapport de Greenpeace « Pulp the Planet »,

  • le moment le plus propice pour une déstabilisation de Carrefour.


Cette situation n’a pas échappé au 1er concurrent de Carrefour dans cette région lequel Dairy Farm Group se positionne immédiatement comme repreneur éventuel des filiales de Carrefour en Malaisie, Singapour et Taiwan conformément à la fuite d’informations « secrètes » précisant que Carrefour s’apprêterait à se séparer de celles-ci. Cette information provient, bien entendu, d’une source confidentielle… anonyme. Double coïncidence désormais !

Dairy Farm Group appartient au groupe Jardines lequel fait partie intégrante des activités financières de la famille Kewsky ; famille originaire d’écosse ayant fait fortune en Asie du Sud Est depuis 1855 notamment pendant la guerre de l’opium. Ce n’est donc plus le combat désintéressé de Greenpeace pour sauver les tourbières d’Indonésie, mais plutôt la lutte de pouvoir entre les 2 plus grosses entreprises de distribution du Sud Est asiatique. Force est de constater qu’en faisant courir le bruit sur les filiales malaisiennes et taiwanaises, Dairy Farm group attaque sur le bastion historique de l’implantation de carrefour dans cette région du monde :

  • 1ère filiale créée en Asie, Taïwan en 1989,

  • 1ère filiale créée dans le Sud Est asiatique, Malaisie en 1994.


La stratégie est donc de :

  • fragiliser Carrefour sur les territoires où Dairy farm est leader avec 102 hypermarchés Giant en Malaisie, pour mieux

  • attaquer sur le territoire de prédilection de Dairy Farm à savoir la Chine où l’expansion de Carrefour est de notoriété publique.


Greenpeace mentionne dans sa mission qu’elle « est une organisation indépendante… des pouvoirs politiques et économiques mais omet de :

  • combattre BP dans le Golf du Mexique alors que Shell fait partie de ses actionnaires donateurs,

  • mentionner les sociétés sud-est asiatiques dans le brûlot « Pulp the Planet » alors la force commerciale internationale de APP possède forcément des clients sur son « home market »,

  • informer des implications « directes » autrement plus importante de la famille Kewsky dans la destruction du biotope d’Asie du Sud Est depuis leur implantation en 1855, lesquelles implications sont ressorties pendant la campagne des Torries fortement financée par la famille Kewsky.


L’ « indépendance » de Greenpeace qui vise à attirer l’attention sur une micro-question en vue de cacher la « Big Picture » est pour le moins suspecte et éthiquement condamnable.