Le Centre Interarmées de Concepts, de Doctrines et d’Expérimentation et l’Institut de recherche stratégique de l'École militaire ont organisé le 15 juin 2010 un colloque public sur le thème suivant : « Quelle stratégie d’influence en appui aux opérations militaires ? » Ce colloque particulièrement réussi tourne une page fondamentale d’un demi-siècle de refoulement sur la question de la guerre de l’information dans l’armée française. En 1962, le général de Gaulle décida de prendre les mesures qui s’imposaient selon lui pour mettre l’armée au pas après le putsch d’Alger. Cette « reprise en main » éradiqua le thème de la guerre psychologique pour plusieurs décennies du mode de pensée de la haute hiérarchie militaire. Cette situation ne pouvait plus durer à cause de l’évolution du monde depuis la guerre du Vietnam. En 1968, l’armée des États-Unis a vaincu le Viêt-Cong sur le terrain mais a dû se retirer quelques années plus tard de ce pays comme s’il s’agissait d’une défaite à cause de la pression de l’opinion publique américaine. Les conflits qui se sont succédé depuis (Somalie, Ruanda, Cote d’Ivoire, Irak, Afghanistan, Liban, Gaza ont tous un point commun essentiel : le poids décisif de la guerre de l’information dans la conduite des opérations. Les guerres se mènent aujourd’hui de manière globale. Et l’information joue un rôle aussi capital que l’utilisation de la force militaire. Ne pas comprendre cette évidence, c’est ne rien comprendre à la guerre contemporaine. Or durant ce colloque, il y eut un incident qui en dit long sur les séquelles laissées par cette période transitoire de 1962 à 2010. A la table ronde II : « Communication stratégique et stratégie d’influence », le Général de division Baptiste, directeur adjoint de la Délégation à l’Information et à la Communication de la Défense, a descendu en flammes (on ne peut pas employer une expression moins imagée étant donné la force de ses propos) Anaïs Reding, chargée d’études à la Rand Europe qui traitait de la Communication stratégique de l’OTAN. L’intervention du général Baptiste remettait en cause l’importance de l’influence dans la communication stratégique, rayant ainsi d’un trait de plume le bilan des conflits précédemment cités. Ce type de position laisse un goût de cendres dans la bouche. Personne n’a envie dans ce pays de revivre les contresens commis par certains chefs de l’armée française en juin 1940. A l’époque c’était l’incapacité de comprendre la guerre de mouvements avec la combinaison de l’arme blindée soutenue par l’infanterie et de l’aviation. Aujourd’hui, c’est l’incapacité de prendre en compte la guerre de l’information qui vise à contourner l’ennemi en jouant sur les points faibles des démocraties. Ce type de position péremptoire du général Baptiste rappelle de très mauvais souvenirs. Souhaitons qu’il ne parle qu’en son nom propre.
Nb : le Général de division Baptiste est actuellement directeur adjoint de la Délégation à l’Information et à la Communication de la Défense.
Nb : le Général de division Baptiste est actuellement directeur adjoint de la Délégation à l’Information et à la Communication de la Défense.