La ville de Châteauroux a décidé de devenir un centre stratégique pour l’économie chinoise. La quarantaine d’entreprises prévues dans ce projet sera surtout constituée par des unités d’assemblage. A l’origine, l’idée d’implanter des dizaines d’entreprises chinoises en plein cœur du Berry vient du gouvernement central de la République populaire de Chine. De 1951 à 1967, Châteauroux était la plus grande base aérienne de l’US Air Force en France. A cette époque, les Américains avaient construit un aéroport pourvu d’une piste de 3 500 mètres, de vastes terrains, et des infrastructures qui peuvent être réhabilitées. Châteauroux occupe une position centrale en France en bord de mer (Bordeaux à 282 km) et aux portes de Paris (à 234 km). Les interlocuteurs chinois souhaitent « européaniser certaines de leurs productions. Sur les 4 000 emplois prévus, 80% serait des Français. Cette démarche rappelle celle suivie par les Japonais au début des années 90. Ces derniers avaient appliqué cette tactique en Grande Bretagne et en Italie pour contourner les barrières à l’entrée que créait l’Union européenne pour freiner l’agressivité commerciale nipponne. Cet engouement local de la mairie de Châteauroux est compréhensible dans la mesure où cette ville souffre d’un chômage endémique et doit anticiper le départ d’un régiment du train qui va encore plus affaiblir sa situation économique. Mais l’arrivée des entreprises chinoises sur le territoire français soulève aussi la question des risques en termes de perte de réputation et de crédibilité encourus par le label made in France lorsque certains produits fabriqués à bas coût en Chine et assemblés en France pourront s’en prévaloir pour asseoir leur notoriété et augmenter ainsi leur valeur ajoutée, parfois au détriment des produits français. Or, les instruments de surveillance de l’aménagement du territoire sont plutôt orientés vers la captation de capital étranger que sur la détection des nuisances des activités économiques d’origine étrangère sur notre économie de territoire.