Jean-Marc Huissoud, en tant que coordinateur de l’Ecole de Management de Grenoble, ce second Festival de Géopolitique et de Géoéconomie s'est déroulé du 28 au 30 mai 2010. Il était consacré cette année aux atouts de la France dans la mondialisation. Les intervenants se sont penchés sur la France et l'Europe, les relations avec le Maghreb, la désindustrialisation, le modèle social français et la prise en compte de la puissance dans la culture géoéconomique française. Le point commun entre ces deux manifestations est l’interrogation sur l’avenir de la France sur l’échiquier mondial. Il est intéressant de noter que cette problématique commence à sortir du ghetto dans lequel elle était enfermée depuis la guerre froide.
La crise internationale, la fragilisation du monde occidental, l’agressivité géoéconomique des nouveaux entrants comme la Chine, les hésitations de la France par rapport à la montée en puissance de l’Allemagne sont autant de facteurs qui plaident pour une approche décomplexée de la puissance et de l’accroissement de puissance. Mais pour une fois la province était plus riche que Paris comme source de réflexion et de connaissances. Le petit opuscule produit par le CID souffre d’un certain éclectisme ainsi que d’un manque de rigueur dans la prise en compte des mutations en cours. Les petites phrases qui concluent certains articles sur la nécessité du courage et de la conviction pour faire face aux affrontements géoéconomiques à venir, ne pallient pas les carences de l’analyse et les limites imposées par le politiquement correct. La question à laquelle ne répond pas le colloque du CID est en fait très simple : quelle est la stratégie de la France pour sortir gagnante de ces défis majeurs ? Les réponses apportées sont restées très classiques et ont évité les sujets qui fâchent. A contrario, le colloque de Grenoble qui se cherche encore un public digne des efforts déployés par ses organisateurs n’a pas hésité à traiter des sujets vitaux aussi bien sur le plan théorique que pratique. L’équipe d’Anteios sort désormais chaque année un rapport annuel aux PUF dont le contenu peut devenir à terme un outil de référence très utile pour suivre les évolutions des rapports de force économiques sur la scène mondiale. L’approche timorée et peu enthousiaste des grandes écoles françaises sur une question aussi essentielle doit être compensée par l’émergence multipolaire d’un nouveau réalisme dans l’approche de la situation mondiale.
La France dans les organisations internationales : quelles influences pour quels projets ?. C’est de loin le papier le plus en phase avec l’intitulé du colloque. Il constitue une première approche de l’analyse des points faibles de l’influence française au niveau européen. C’est un constat qui appelle une réponse opérationnelle. Reste à savoir si les inerties culturelles françaises sont surmontables pour s’engager sur la voie de Richelieu et du général de Gaulle qui sont les deux grands personnages de l’Histoire de France qui ont donné à notre pays une stratégie de puissance de long terme.
Christian Harbulot