D’anciens maoïstes parasitent l’industrie des nanotechnologies en France

Depuis plusieurs années, un groupe activiste qui prend bien soin de rester dans l’anonymat s’est lancé dans la dénonciation des risques liés aux nanotechnologies. Composé notamment  de scientifiques appartenant à l’université de Grenoble, il diffuse un discours particulièrement efficace en termes de résonance et de stratégie du grain de sable. Ce savoir-faire repose en partie sur des pratiques héritées des années 70. A cette époque, l’université de Grenoble était connue pour l’activisme des militants maoïstes de la Gauche Prolétarienne. Les fondateurs de Pièces et main d’oeuvre (PMO) de Grenoble ont bénéficié de ce transfert de connaissances. Les anciens gauchistes qui sont à l’origine de cette mouvance subversive d’un nouveau type, ont tiré le bilan de leurs échecs passés. D’abord éviter les pièges de la répression : le premier d’entre eux étant la personnalisation et le traçage des têtes de file de l’association en fonction de leur passé politique. Le choix d’un nom très détaché des anciennes connotations idéologiques de l’après 68 s’inscrit aussi dans cette volonté de ne pas se faire diaboliser par une image trop radicale. Les animateurs de PMO ont recherché une nouvelle légitimité pour attaquer le système dans ses avancées scientifiques. Ils dénoncent depuis 2003 les risques sociaux et environnementaux que font courir les avancées dans les nouvelles technologies et empruntent les thématiques des adeptes du mouvement luddite, idéologie anglaise anti-industrielle du XIXe siècle, réputés pour être des "casseurs d'usines".  PMO a construit un blog de combat pour lutter contre le débat public sur les nanotechnologies: www.nanomonde.org qui ressemble fortement à une plate-forme de coordination, aussi bien pour l'argumentaire déployé que pour l'organisation d'action "agit prop."
Le plus spectaculaire dans cette histoire est l’incapacité des industriels à détecter ce type de risque informationnel. Il s’agit pourtant d’une action calquée sur la démarche anti OGM qui a porté ses fruits puisque les groupes agroalimentaires français ont été incapables de contrer ce type de propagande fondée sur la peur du citoyen devant l’inconnu.
La déstabilisation de l’économie naissante des nanotechnologies par un groupuscule gauchiste relooké est devenue un cas d’école. Elle démontre l’incapacité provisoire du pouvoir politique à contrer ce genre de mouvance dans le domaine de la guerre de l’information.