Thon rouge, une extinction trop bien orchestrée

La guerre informationnelle sur le thon rouge vient de franchir une nouvelle étape. Fini, le remake de la sardine qui bloque le port de Marseille avec le Rainbow Warrior comme acteur principal en 2006. A l’eau, les tonnes de thons déversées devant la pêcherie maltaise de « blue fine tuna » en 2007. Le coup de projecteur a été efficace. La communauté européenne a harponné le dossier. Place aux experts et à la cacophonie qui en résulte ! L’heure n’est plus à la communication de masse mais plutôt à la communication ciblée. Dans les faits, OUT les blockbusters et bonjour le théâtre de rue et leur costume en carton pâte. Le 13/03/10, une troupe de 15 militants Greenpeace est intervenue sur le marché de Talensac à Nantes. 3 jours plus tard, une pétition à travers la France (25 villes) a été lancée auprès des restaurateurs. Alors le thon rouge, nouvelle « baleine » de bataille de Greenpeace ?
Sur l’autre rive, la résistance s’organise. Mobilisation des moyens ? Les ennemis d’hier sont les alliées d’aujourd’hui. Après s’être longuement jeter le filet à la proue (au propre et au figuré), Pêcheurs Français et Espagnol sont sur le même bateau et pointent les incohérences des statistiques. Les italiens ont tranché. Un moratoire d’un an a été mis en place dans l’attente de données indépendantes.
Déplacer le problème ? Aujourd’hui l’ETF (Fédération européenne des transports), rassemblant les syndicats des salariés des transports qui regroupent les activités de la pêche marchande a souhaité s’exprimer. L’ETF rappelle qu’en oct 2009, la commission internationale pour la conservation des thonidés de l’atlantique - ICCAT - concluait que 3 critères biologiques n’étaient pas remplis pour inscrire le Thon Rouge à l’annexe 1 de la convention de l’ONU sur le trafic des espèces menacées (CITES). L’extinction du Thon rouge, vrai ou faux débat ? De plus, Interdire un commerce lucratif, n’est ce pas le meilleur moyen de favoriser l’illégalité ; tel est en substance l’argument massue présenter par cette fédération. Ainsi, à l’’heure où on lave plus vert que vert, la pêche du thon rouge risque de basculer dans l’économie grise.
Le thon rouge ou lorsque l’écologie peut devenir un déclencheur de tension entre pays. A Doha, le Japon (80% du marché du thon rouge) et l’Australie se sont déjà opposés à une interdiction de la pêche. Plus généralement, les États Unis mènent une guerre informationnelle à l’encontre du Mexique au sujet de thon. Cette guerre les pousse à pratiquer un protectionnisme déguisé à l’encontre de leur partenaire de l’ALENA. De l’autre côté du monde, en Océanie, la lutte contre la multiplication illégale des bateaux asiatiques, poussent huit états insulaires à réfléchir à un OPEP du thon. L’Océanie est composé de 15 états, on peut s’interroger sur les réactions à venir de ceux excluent de ce partage de la mer. Alors, le thon rouge épiphénomène ou cheval de Troie de la discorde ?