Les nanotechnologies menacées par les ONG

La côte des nanotechnologies  s’est écroulée ces derniers mois  suite à de multiples attaques orchestrées par des ONG. En conséquence, la grande consultation nationale sur les nanotechnologies organisée dans le cadre du Grenelle de l’Environnement a tourné au désastre.
Les nanotechnologies, présentées il n’y pas si longtemps comme des savoir-faire qui allaient révolutionner l’industrie et la mener vers le développement durable, ont connu un très fort coup d’arrêt alors qu’une grande consultation nationale organisée dans le cadre du Grenelle de l’Environnement étaient sensées les rendre visibles au grand public. Alors qu’un grand Tour de France rassemblant élus, chercheurs et industriels avait été prévu dans 17 des plus grandes villes françaises, seulement huit se sont réellement tenues. Les raisons de cet échec ? L’opposition très virulente d’ONG lors de ces débats ayant entraîné de nombreux débordements.
Dès décembre 2009, deux fédérations d’ONG, le Bureau européen de l'environnement (BEE) et le Réseau international pour l'élimination des Polluants organiques persistants (IPEN) publiait un rapport nommé Nanotechnologies et environnement : Un décalage entre les discours et la réalité, dans lequel étaient vivement dénoncés les effets néfastes des nanotechnologies pour l’environnement et la santé. A la suite de ce rapport, une mobilisation sans précédent a totalement monopolisé le débat sur l’arrivée de ces nouvelles technologies. Un collectif très virulent, Pièces et Main d’œuvre,  créé à Grenoble pour lutter contre le développement du technopôle Minatec spécialisé dans les nanotechnologies, a totalement paralysé les débats au cri de : « Les nanotechnologies, c’est pas vert, c’est totalitaire. » Les ONG ont dénoncé le peu de cas fait aux études concernant la nocivité de ces technologies.
Alors que le secteur des nanotechnologies et un secteur en pleine expansion en France, l’on ne peut que s’étonner du manque total de réaction de la part des industriels du secteur qui voient ici se dessiner une opposition radicale à leurs activités. L’Etat a décidé dans le cadre du Grand Emprunt de consacrer 70 millions d’Euros afin de développer cette industrie sur le sol français. Les industriels ont tout à craindre d’une contestation sociale qui pourrait réussir à imposer un principe de précaution. Comme l’a précisé François Bergougnoux, président de la commission nationale du débat public, « leur opposition au débat fait partie du débat ». Point d’orgue de cette déstabilisation, un délégué CGT d’Arkema, entreprise spécialisée dans la chimie et pionnière en France dans le domaine des nanotubes, a assimilé ces derniers à « l’amiante du XXIe siècle », et s’est déclaré pour le principe de précaution.  Dans ce contexte, les industriels comme Arkema doivent s’attacher à illustrer le bien fondé de leurs recherches si ils ne veulent pas voir leurs activités déstabilisées sur le long terme, et ce au sein même de leurs propres usines.

Sources :

Le Monde, 25 février 2010, « Nanotechnologies : Les raisons d’un fiasco »
Sud Ouest, 9 février 2009, « Les syndicats partagés sur les effets néfastes des nanotubes »
Jean-Marc Manach, Le Monde, 19 décembre 2009, « Nanotechnologies : Le point de vue environnemental »
La Tribune, 25 février 2010, « La consultation publique sur la régulation des nanotechnologies a tourné court »