La candidature de Madrid aux JO 2016 déstabilisée par un cabinet en intelligence économique

En 2004 à Madrid, lors d’un match amical de football entre l’Espagne et l’Angleterre, les supporters madrilènes ont été accusés de lancer des « cris de singe » et d’autres insultes racistes en direction des joueurs de couleur de l’équipe anglaise. Londres a alors su amplifier le point faible des supporters madrilènes pour salir l’image de Madrid, candidat concurrent pour les Jeux Olympiques du 2012.
Mike Lee, directeur de la communication et des relations publiques de Londres 2012, a en effet mené une forte campagne de déstabilisation en utilisant la presse britannique (BBC Sport, Guardian.co.uk, Telegraph.co.uk, The Independent) et internationale (Associated Press, NBC Sports, CNN) pour défavoriser l’image de la ville concurrente : « Ce match a été organisé pour la promotion de la candidature [Madrid 2012], et ils doivent s’excuser ». Cette attaque a amené le maire de Madrid, Alberto  Ruiz-Gallardón, à condamner dans les médias tout acte de racisme dans le monde sportif espagnol, décrédibilisant ainsi l’esprit sportif de Madrid pour accueillir les JO du 2012.
Le profil de Mike Lee est assez particulier : ancien directeur de la communication et des relations publiques du Parti Travailliste anglais, du Championnat d'Angleterre de football, de l’UEFA, et du vainqueur aux JO Londres 2012, le consultant anglais connait bien les mécanismes du terrain médiatique et politique des sports. En 2006, Mike Lee a créé une entreprise de conseil en intelligence économique, Vero Campaigning Communications, qui a été responsable de la campagne de communication pour la candidature de Rio aux JO de 2016.
Si Rio de Janeiro et Madrid on été les deux villes finalistes pour les Jeux Olympiques du 2016, Rio a été fortement appuyée grâce à une campagne de guerre de l’information orchestrée sous l’égide de Vero Consulting Communications visant à:

  • Diaboliser l’image de la ville de Madrid dans les médias : condamner le racisme dans le sport espagnol une deuxième fois, et  en conséquence décrédibiliser la capitale espagnole.

  • Isoler la ville de Madrid sur l’échiquier politique du monde européen des sports : en appuyant l’annulation par l’UEFA d’un match amical Espagne-Angleterre prévu à Madrid en 2008.

  • Créer une caisse de résonance sur le web 2.0 pour mobilier un mouvement social contre la participation de Madrid aux JO : création du groupe Facebook « Kick Racist Spain out of the Olympics ».

  • Accuser l’Espagne d’utiliser des espions lors de l’évaluation par le Comité international Olympique (CIO) de la candidature de Rio.

  • Mener une forte campagne de lobbying auprès du CIO lors du vote final, à Copenhague afin de promouvoir l’image de la ville de Rio de Janeiro  face à la candidature madrilène.


Dans l’intelligence sportive, les techniques répétitives de guerre de l’information sont assez récurrentes, et curieusement la presse internationale a décrédibilisé la candidature de la ville de Madrid aux JO 2016. Cela démontre que la communication du comité en charge de la candidature de la ville madrilène a été plutôt réactive que proactive, et Madrid a alors subi les dommages de la guerre de l’information menée contre elles.