Retour sur la controverse relative à l’utilisation de phosphore blanc par l’armée israélienne à Gaza
Suite aux lancements répétés de roquettes Qassam par les miliciens du Hamas, l’armée israélienne décida fin décembre 2008 d’intervenir militairement dans la bande de Gaza. Cette opération militaire, comme toutes celles se déroulant au Proche-Orient, sera fortement relayée par les médias du monde entier. Elle suscitera une vive réprobation dans l’opinion internationale, celle ci critiquant à la fois le nombre de morts coté palestinien, la démesure entre la riposte israélienne et les tirs de roquettes, ainsi que l’usage par l’armée israélienne d’une arme dont l’utilisation est réglementée par le droit international, le phosphore blanc. Ce dernier point joua une place fondamentale dans le conflit car il contribua à l’émergence d’une guerre informationnelle parallèle à la guerre militaire. Le phosphore blanc peut être utilisé par une armée comme agent de protection par écran de fumée, permettant aux soldats de se déplacer sans être vus par l’ennemi, ce dernier étant temporairement aveuglé par le dégagement de fumée. Il peut également être utilisé pour ses capacités offensives, auquel cas il devient alors une arme anti-personnel qui s’enflamme au contact de l’oxygène et peut provoquer des brulures graves. L’usage du phosphore blanc en tant de guerre est réglementé par la convention sur les armes classiques signée à Genève en 1980. Le protocole III de cette convention stipule que l’utilisation d’armes incendiaires à l’encontre de civils est interdite. Mais la convention n’interdit pas l’usage de phosphore blanc pour ses propriétés fumigènes ou éclairantes. De cette règlementation est née une guerre informationnelle qui opposa les palestiniens et leurs défenseurs à l’armée israélienne. Les premiers tachèrent de relayer l’information selon laquelle Tsahal utiliserait du phosphore blanc à l’encontre de populations civiles, la seconde s’efforçant de nier ces affirmations. Il faut toutefois préciser que les défenseurs des palestiniens n’invoquaient pas le droit mais la morale pour s’opposer à l’usage de phosphore par Tsahal. Israël n’ayant jamais signé le protocole réglementant l’usage de cette arme, il est juridiquement libre de l’utiliser. Mais cette usage est souvent perçu comme excessif et disproportionné, voire amoral. Le premier média à faire mention d’un possible usage du phosphore sera le quotidien britannique The Times, mais sans faire état d’un quelconque usage illégal. Accusée d’y avoir eu recours, l’armée israélienne démentira en avoir utilisé, même pour un usage légal. L’ONG Human Rights Watch relayera l’information dans le monde occidentale, accusant Israël d’avoir tiré des obus au phosphore blanc de manière répétée sur des zones densément peuplées, commettant ainsi un crime de guerre. Ils l’accuseront également d’avoir usé de cette arme dans des zones à proximité desquelles ne se trouvaient aucun soldat de Tsahal, affirmant ainsi que le but n’était donc pas de favoriser le déplacement des troupes. L’armée israélienne écartera ces accusations comme étant sans fondement, et rétorquera que les obus de phosphore blanc ont été utilisés pour répondre à des besoins opérationnels spécifiques. La médiatisation de ce thème dans les différentes presses du monde, orientale comme occidentale, suscitera une vive controverse et accentuera le ralliement des opinions mondiales à la cause palestinienne.
Mais plutôt que d’entrer dans le détail du déroulement des attaques et contre-attaques informationnelles qui furent pratiquées parallèlement à la guerre militaire, tachons d’en faire une analyse rétrospective. Cette guerre cognitive, dont on peut affirmer qu’elle fut gagnée par les palestiniens vu le peu de soutien que reçut Israël, est un exemple idéal d’utilisation offensive de l’information. Elle a permis de démontrer, si besoin était, que les lois des conflits informationnels différaient fortement de celles des conflits militaires classiques. Cette guerre parallèle a en effet vu la victoire du faible contre le fort, prouvant ainsi que les moyens financiers ou humains n’étaient pas forcément décisifs dans le cadre d’une lutte de ce type. Elle a également confirmé que l’attaquant disposait d’un avantage, plaçant l’adversaire en position défensive et l’obligeant à se justifier. Par ailleurs, une analyse approfondie du conflit permet de conclure qu’Israël a commis deux erreurs informationnelles majeures. Lorsqu’il fut accusé d’avoir eu recours à des obus de phosphore, il démentira en avoir utilisé, mais refusa dans le même temps de dire de quel type d’armes il avait fait usage. Ce refus peut être considéré comme une erreur car il alimentera les soupçons d’utilisation d’armes illégales. Israël refusant de faire mention des armes qu’il utilise, nombreux sont ceux qui en déduiront que certaines sont illégales ou amorales. Il n’en sera donc que plus discrédité dans l’opinion mondiale. Une seconde erreur réside dans le fait qu’Israël niera pendant plusieurs mois avoir utilisé des armes au phosphore, même légalement, pour finalement publier en juillet 2009 un rapport dans lequel il reconnaitra y avoir eu recours. Ce retournement s’explique par le fait que des traces de phosphore ont entre temps été retrouvées à Gaza, rendant ainsi incontestable son utilisation. Les dirigeants israéliens se sont donc empêtrés dans leurs contradictions, renforçant ainsi la croyance déjà fortes des opinions mondiales selon laquelle la justice se trouvaient du coté des palestiniens, et l’opprobre du coté des israéliens.
Jacob Cohen
Mais plutôt que d’entrer dans le détail du déroulement des attaques et contre-attaques informationnelles qui furent pratiquées parallèlement à la guerre militaire, tachons d’en faire une analyse rétrospective. Cette guerre cognitive, dont on peut affirmer qu’elle fut gagnée par les palestiniens vu le peu de soutien que reçut Israël, est un exemple idéal d’utilisation offensive de l’information. Elle a permis de démontrer, si besoin était, que les lois des conflits informationnels différaient fortement de celles des conflits militaires classiques. Cette guerre parallèle a en effet vu la victoire du faible contre le fort, prouvant ainsi que les moyens financiers ou humains n’étaient pas forcément décisifs dans le cadre d’une lutte de ce type. Elle a également confirmé que l’attaquant disposait d’un avantage, plaçant l’adversaire en position défensive et l’obligeant à se justifier. Par ailleurs, une analyse approfondie du conflit permet de conclure qu’Israël a commis deux erreurs informationnelles majeures. Lorsqu’il fut accusé d’avoir eu recours à des obus de phosphore, il démentira en avoir utilisé, mais refusa dans le même temps de dire de quel type d’armes il avait fait usage. Ce refus peut être considéré comme une erreur car il alimentera les soupçons d’utilisation d’armes illégales. Israël refusant de faire mention des armes qu’il utilise, nombreux sont ceux qui en déduiront que certaines sont illégales ou amorales. Il n’en sera donc que plus discrédité dans l’opinion mondiale. Une seconde erreur réside dans le fait qu’Israël niera pendant plusieurs mois avoir utilisé des armes au phosphore, même légalement, pour finalement publier en juillet 2009 un rapport dans lequel il reconnaitra y avoir eu recours. Ce retournement s’explique par le fait que des traces de phosphore ont entre temps été retrouvées à Gaza, rendant ainsi incontestable son utilisation. Les dirigeants israéliens se sont donc empêtrés dans leurs contradictions, renforçant ainsi la croyance déjà fortes des opinions mondiales selon laquelle la justice se trouvaient du coté des palestiniens, et l’opprobre du coté des israéliens.
Jacob Cohen