L’obésité : nouveau champ de bataille économique

La malbouffe est le mal du siècle, engendrant ainsi une problématique de santé publique importante. L’obésité a pour conséquence des risques cardiovasculaires, de diabète, de cholestérol, enfin toutes les maladies liées à une nourriture peu équilibrée.
« Acomplia » le médicament contre l’obésité commercialisé par le laboratoire européen Sanofi-Aventis en 2007 a subi une campagne de déstabilisation par les autorités de santé américaines (Food and Drug Administration). En effet, les États-Unis n’ont jamais autorisé la mise sur le marché du produit sous le prétexte qu’il provoquerait des effets indésirables, tels que des dépressions sévères, alors que celui-ci avait été accepté par 18 pays européens. Selon certains spécialistes, le rinomabant (commercialisé sous le nom d’Acomplia) devait prendre 60% des parts de marché dès son lancement sur le marché américain. L’industriel français devenait alors une véritable menace pour ses concurrents anglo-saxons. Notons à ce propos que le laboratoire Servier a connu une mésaventure similaire au début des années 90. Son médicament contre l’obésité avait connu un vif succès aux Etats6unis puis avait été ensuite retiré du marché par décision  de la Food and Drug Administration (FDA).
Alors que les États-Unis, le Japon, la France, l’Allemagne, l’Angleterre, l’Italie et l’Espagne comptaient en 2008 près de 125 millions d’adultes obèses, la recherche pour les traitements contre le fléau du 21ème siècle met en course plusieurs pontes de la santé. Ainsi le groupe anglo-américain Glaxo Smith & Klein, développe un produit en ce sens « Alli » qui connait un vif succès, notamment en France, avec un chiffre d’affaires record de 23 millions d’euros en 2009.
Notons, que l’Autorisation de Mise sur le Marché, s’est effectuée en une seule fois pour les 27 pays européens (malgré le véto de la France pour l’introduction du produit dans l’hexagone). Cette pilule miracle est commercialisée depuis 2007 aux Etats-Unis, depuis mai 2009 en France. Il ne requiert aucune prescription médicale. Le marché de l’automédication devient alors un sérieux enjeu pour les multinationales du secteur. Dans ce cas, le lobbying de GSK à Bruxelles a fait son chemin et a porté ses fruits.
Alors pourquoi l’européen s’est vu interdire la commercialisation de son produit sur le marché américain à la même période que la commercialisation de Alli? Pour quelle raison le lobbying européen n’a pas fonctionné ?
Sanofi-Aventis n’a pas su contrer l’arsenal législatif américain. De plus l’influence de ses concurrents comme Pfizer ou GSK qui ont une main mise sur le marché américain ne facilite pas la pénétration du marché américain par le laboratoire pharmaceutique issu de l’hexagone. Avec d’une part, une réglementation de plus en plus stricte qui oblige les industriels à investir beaucoup plus dans la recherche, et de l’autre le développement des médicaments génériques qui font baisser les prix des médicaments ; les entreprises doivent développer un modèle économique en adéquation avec l’évolution du marché. Une guerre sans nom que se livre les multinationales à la conquête de tous les marchés aussi porteurs que celui de l’obésité en instrumentalisant l’information à son avantage : tel est le dessein du secteur pharmaceutique.

Amira-Rim Ghozali