Pologne et République tchèque : désir de souveraineté

Depuis le mois de juillet 2009 l’opinion publique en Pologne et en République tchèque semble être nettement en la défaveur des Etats-Unis. Les promesses faites par l’administration Bush  n’ont pas suffi à compenser les morts de soldats en Afghanistan et les efforts de guerre réalisés en Irak ; Barack Obama quant à lui annonce la remise en question du projet de bouclier anti-missile le 17 Septembre 2009, jour commémoratif de l’invasion de la Pologne par la Russie pendant la 2nde guerre mondiale (attaque qui avait eu lieu sans déclaration de guerre). S’agit-il d’indifférence de la part de la nouvelle administration américaine ?

Le premier bouclier américain


Le premier projet de bouclier anti-missile prévoyait l’installation de silos nécessaires au lancement de missiles intercepteurs Ground-Based Interceptor, des bases militaires américaines sur le territoire polonais et un radar en République tchèque. Il s’agissait d’un nouveau partenariat stratégique qui assurait en Europe centrale la présence permanente des Etats-Unis (dissuasion supplémentaire pour éviter une invasion impromptue de l’armée russe) et une protection contre les missiles tactiques iraniens en développement potentiel.

Perception de domination et rejet du bouclier américain

BS/106/2007 p.2) Ce revirement est constaté depuis 2006, pourtant un an plus tôt les USA étaient à l’apogée de leur popularité dans la zone. Une accumulation de frustrations pourrait être à l’origine de ce changement de perception :

Les compensations industrielles accompagnant l’achat de chasseurs F16 vétustes n’ont pas été réalisées. Depuis 2003 les tractations concernant la dispense réciproque de visa de travail entre les deux pays n’ont rien donné. Les dernières élections présidentielles en Afghanistan n’ont pas témoigné de l’application du système démocratique pour lequel les troupes polonaises ont combattu. En quête de reconnaissance internationale, suivant les orientations américaines, les Polonais sont désappointés ; le sentiment qu’ils ne sont pas considérés à leur juste valeur s’est installé.

BS/108/2009 p.6)

pm90713 p.2) De surcroit cet état d’esprit a été constaté de façon stable dans la population depuis 2006. Les opposants les plus farouches à l’installation américaine faisaient mention du danger que constituait la présence du radar, cible fixe dans le cadre d’un conflit. Il ne s’agissait plus d’une protection mais d’une source d’insécurité et de perte de souveraineté.

Une volonté  de démilitariser les relations diplomatiques.

aspect civile distinct ». Les mêmes déclarations avaient été faites à plusieurs reprises pendant le processus d’achat des f16 en 2002, mais sans être suivis des faits. En conséquence les populations et gouvernements de la zone perdent patience.

Le nouveau bouclier américain et la Russie

AEGIS lié à des missiles SM-3, puis vers 2015 une version terrestre de ce système serait installée en Pologne. De son côté la Russie continue le projet d’installation de missiles Iskander à Kaliningrad, ces missiles ont été conçu pour atteindre des cibles mobiles ce qui permettrait de neutraliser le bouclier anti-missile.

Le bouclier polonais intégré au plan de modernisation de l’armée polonaise en 2009-2010

Mica.

Défendre l’industrie d’armement polonaise. »

La réunion de la volonté politique et des compétences techniques polonaises permet de considérer que le bouclier polonais a réellement des chances d’être retenu, d’autant plus que la conjoncture défavorable pourrait inciter le gouvernement à faire son choix en prenant en compte le maintien de l’emploi local et la préservation des industries stratégiques. L’adoption du bouclier polonais représenterait un signe fort d’indépendance stratégique de la Pologne par rapport aux Etats-Unis.

Une collaboration Otan-Russie

collaboration étroite dans le cadre d’une défense anti-missile, il est difficile de prévoir les orientations et le rééquilibrage des forces qui va avoir lieu. Il semblerait que l’utilisation de systèmes radars en Europe occidentale (en Italie) soit envisagée, sur le territoire russe à Armavir et à Gabala en Azerbadjian sous le contrôle d’un conseil permanent Otan-Russie1.

Bilan de l’opération d’influence américaine en Europe centrale

L’image des Etats-Unis s’est déjà considérablement dégradée, une collaboration éventuelle avec la Russie aurait de fortes chances d’être perçue comme une trahison par les pays d’Europe centrale. La tentative d’implantation américaine opérée sans avoir de réelle considération pour leurs partenaires locaux se solde par un recul de la confiance de la population à leur égard si net que les politiques ne peuvent ou ne pourront l’ignorer longtemps.

TF