Mesures pour protéger les fabricants russes d’automobile

En 2002, environ 1 million de véhicules ont été vendus sur le vaste territoire de la Fédération Russe. Le nombre des véhicules vendus en 2008 est passé à plus de 3 millions. Avec l’arrivé de la crise financière, le marché d’automobile a été touché à plein fouet. Cette année l’industrie enregistre une perte d’environ 50%. La baisse des ventes diminue les entrées dans la caisse d’Etat, en limitant les taxes directes et indirectes auxquelles sont imposés les véhicules, mais la récession de la production nationale des l’industrie d’automobile est encore plus grave en Russie. La confiance de la population russe à son gouvernement et, donc, sa continuité dépendent beaucoup des conditions sociales qui lui sont apportés. Le peuple russe s’est habitué, depuis l’arrivé de Poutine, voir les salaires croître et le taux de chômage diminué. Or, l’industrie automobile nationale éprouve une période très dure. Les constructeurs historiques ont vu leurs ventes chutées de VAZ : moins 40%, UAZ : moins 52%, GAZ : moins 65% et IJ de moins 62%. La situation des groupes étrangers qui produisent les voitures sur le territoire de la Russie, comme Ford, Opel, Volkswagen, est identique.
Afin de redresser la situation, le gouvernement de Poutine a trouvé la solution en remplaçant les voitures étrangères par celle produites en Russie, sans pour autant recourir à un décret interdisant l’importation d voitures étrangères. Au début de mois de novembre une nouvelle loi a été votée, par les deux chambres du Parlement russe, en fixant des nouvelles règles de la validation du contrôle technique à partir de septembre 2010.  Selon cette loi, les voitures avec le volant se trouvant coté droite, ne seront pas admises. Quelles conséquences cette loi aura sur le marché ? Tous les ans, 300 000 voitures japonaises d’occasion sont vendues principalement dans la région russe de Primorie. Toutes les voitures ont le volant coté droit. 90% des conducteurs dans cette région devront donc se trouver un autre moyen de locomotion. Comme si cela n’était pas suffisant, une autre loi est votée par le pouvoir législatif, selon laquelle les taxes d’importation sont augmentées. Les taxes d’imposition pour les voitures neuves passent de 25% à 30% et pour les voitures d’occasion le taux est doublé, pour arrivé à 70%. Pour compléter la nouvelle loi et, surtout, protéger l’industrie nationale, le barème des voitures d’occasion passe de 7 ans à 5 ans.
Ces lois de nature protectionniste créent un besoin potentiel de 900.000 voitures pour le marché russe, or c’est le nombre de voitures japonaises non-conformes à partir de 2010. Jusqu’à présent, les usagers de la région de Primorie, voir de Sibérie, s’approvisionnaient au Japon en raison des coûts plus faibles par rapport aux voitures d’origine russe. C’est la raison pour laquelle Poutine a décidé de corriger le cap. Le Premier Ministre russe cherche à stimuler les ventes des voitures locales, et particulièrement, dans les régions limitrophes de Japon. Dans cette optique, le gouvernement a décidé d’affecter 2 milliards de roubles aux chemins des fers nationaux pour l’acheminement des voitures à Vladivostok. Ce montant est suffisant pour amener 100.000 voitures par an, soit 10% du parc actuel de la région. Poutine a promis aux habitants de Primorie que les voitures seront vendues au même prix que ceux pratiqués par les usines implantées dans le  centre de la Russie.
D’autres conséquences sont à observer après les mesures pris par le pouvoir russe. En limitant l’importation des véhicules d’occasion de Japon, c’est l’industrie nipponne qui est touchée directement. Les 300 000 voitures qui ne sont pas vendues en Russie resteront sur le marché local. Cette perspective n’est pas rassurante pour les constructeurs nippons. Le vendredi 20 novembre, le gouvernement nippon a confirmé le texte fixant les îles de Kouriles comme territoire du Nord du Japon occupé illégalement par la Fédération Russe.  Coïncidence ? Le Premier Ministre nippon pourrait-il aller jusqu’à négocier avec son homologue russe l’abandon temporaire de cette réclamation en échange d’assouplissement des règles d’importation.

Igor Levinta