La guerre de l’information sur la grippe A

Les premiers cas de grippe remontent à quelques mois déjà. Le virus était alors considéré comme mortel avec une morbidité potentielle (i.e. nombre de personnes potentiellement atteintes) extrêmement élevé. Plus puissant que la grippe saisonnière, le virus tue. Il faudra rester chez soit et se protéger en cas d’épidémie. L’économie des pays est alors menacée par le gel des activités.

Il est nécessaire de gérer la future pandémie, le mot est lancé. De là s’enchaine les réflexions sur la façon de gérer cette crise (au sein des entreprises, individuellement, les vaccins, les masques,…).
Alors commence la production des masques (chirurgicaux, FFP2 et 3, dont personne ne connait précisément les différences) : on ne voit plus un mexicain sans son masque. Par la suite les gels hydro-alcooliques font leur apparition. Le produit fait fureur, s’enchainent alors les articles et reportages sur la production des gels, leur efficacité, et donc sur les ruptures des stocks. Pendant plusieurs mois, un business autour des moyens « d’appoint » contre la grippe s’organise sans que le nombre de contaminés ou de morts ne progresse significativement. La grippe H1N1 se banalise et n’est finalement qu’une « Grosse Grippe » un peu plus virulente et agressive que l’on soigne assez bien avec du repos des vitamines et du Tamiflu.
Le problème est qu’aujourd’hui, l’Etat a mis en place des plans d’urgence, déployé des plateformes de scolarisation à domicile, a poussé la production du vaccin et sa distribution au travers d‘un plan de vaccination couteux (mandat courrier, réquisition de médecins, de locaux, …).  Se tient donc un véritable problème de management de l’information « publique » : la stratégie de vaccination de l’état d’une part, les objectifs des groupes pharmaceutiques de l’autre et en troisième lieux l’opinion publique extrêmement divisée.

D’une part, dès la sortie du vaccin, le respect de la procédure « classique » est mis en cause. Ce point sera la clef de voute de l’argumentation en permettant de prendre des cas isolés comme représentatifs de la malfaçon et de la malhonnêteté présumée qui entoure la conception et la production du vaccin. L’argument de la dangerosité du vaccin est une arme efficace qui fait déjà ses preuves étant donné l’engouement faible de la population à adhérer au plan de  vaccination. Aussi, chaque personne vaccinée, qui développe un symptôme (ex. Guillain Barré) imputable (sans que la notion de « imputable à la grippe » n’ai jamais été définie), est une manne pour renforcer considérablement la position des anti-vaccins. Aujourd’hui concernant le vaccin, sont recensés 107 effets indésirables sur 200000 vaccinations (environ), dont 5 cas graves. Les cas graves représentent donc environ 0,025 pour milles et les effets indésirables 0.525 pour milles vaccinations. Naturellement, ces cas sont absolument dramatiques mais leur mise en lumière et leur généralisation théorique pour décrédibiliser le vaccin ne sont justifiées que par l’approximation médicale lors de la conception du vaccin.
D’autre part, les « pro-vaccins » usent du principe de précaution qui finalement se retourne contre eux dans la mesure où le vaccin est présenté comme plus dangereux que le virus. Afin de rééquilibrer le débat, une diffusion massive d’informations concernant le nombre de cas et la mortalité se développe. Les communications de santé publique (INVS, ministère, …) concernant la mortalité du virus attire naturellement les média. Ceux-ci relayent alors une information très négative au travers de reportages et de communiqués permettant d’alimenter une peur de la maladie et une psychose autour du risque de décès. La diffusion/présentation massive des risques de la grippe et le développement de la peur/psychose a pour objectif de contrecarrer les canaux de communication des « anti-vaccins » qui sont plutôt orientés débat et axés sur une approche logique. En chiffre pour les effets de la grippe, 255 cas graves, 45 décès dont 4 concernait des personnes en parfaite santé, pour un total de 400 000 consultations pour contraction de la grippe H1N1. Ce qui nous donne un taux de cas graves de 0.63 pour milles consultations, de 0.11 décès pour milles consultations et de 0.01 cas de décès de personnes saines pour 1000 consultations.
Au final, l’intérêt des pouvoirs publics est assez clair, et va dans le sens des lobbies pharmaceutiques impliqué dans l’étude et la production du vaccin. La résistance face à l’utilisation du vaccin est quant à elle assez trouble, et ce phénomène n’est pas franco français. Le lobby australien AVN (Association) a clairement interpelé l’état Australien sur la dangerosité du vaccin. De la même manière aux USA, des Associations comme « Natural Solutions Foundation » milite pour le droit à refuser la vaccination (“weaponized” or “engineered” pandemic as an excuse to force people to receive a weaponized vaccination). Visiblement des associations d’intérêt public (santé) participent et constituent un réseau de lutte contre la vaccination, ce qui peut être perçu comme une instrumentalisation de ces acteurs. Concernant les vaccins, 36 laboratoires étudient le virus H1N1 et le réseau de production ne pourra fournir que 95 millions de doses.

FV

Source: Photo prise le 30 avril 2009/REUTERS/Mario Armas



Notes :
http://www.invs.sante.fr/display/?doc=surveillance/grippe_dossier/points_h1n1/grippe_A_h1n1_181109/index.html
http://grippe-a.doctissimo.fr/
http://www.abc.net.au/news/stories/2009/09/19/2690820.htm
http://avn.org.au/library/index.php/about-the-avn.html
http://www.theflucase.com/index.php?option=com_content&view=article&id=726%3Anew-york-healthcare-workers-refuse-the-qswine-fluq-vaccine&catid=1%3Alatest-news&Itemid=64&lang=en
http://www.healthfreedomusa.org/?p=2515
http://grippe-saisonniere.over-blog.com/article-36369941.html
http://www.grog.org/cgi-files/db.cgi?action=bulletin_grog

Crédit photo : Reuters / Romeo Ranoco