La France face à la piraterie somalienne

La mousson et le ramadan avaient réduit considérablement le nombre d’attaques des pirates au large de la Somalie ces derniers mois - 293 attaques en 2008 contre seulement 172 depuis début 2009 selon l’ONG Ecoterra International - mais l’attaque d’un pétrolier ravitailleur français La Somme  et celle contre deux thoniers – le Glénan et le Drennec - nous ont rappelé que le problème n’est absolument pas réglé. La France participe pleinement à la lutte contre la piraterie en participant à l’opération EU NAFVOR (Atalante) dirigée par le vice-amiral (GB) Peter Hudson avec le déploiement permanent d’une frégate durant toute la durée de l’opération et la participation ponctuelle d’un avion de patrouille maritime, ATL 2, situé sur la base des FFDj (Forces française à Djibouti). En outre, cette participation cache en réalité un manque de stratégie à long terme.

La France ne cherche pas régler les deux problématiques fondamentales liées aux pirates somaliens :





  • Les pays occidentaux ont, depuis le début des années 90, pris l’habitude de se débarrasser de leur déchets près des côtes somaliennes au prix ridicules de 2.50$ la tonne contre 1000$ environ en Europe.

  • Les forces gouvernementales, mise en place et formées en grande partie par les américains, ne dirigent en fait que peu de choses et font face aux régions autonomiste du nord de la Somalie, le Putland et le Somaliland et différents groupes islamistes comme Al-Chabab ("la jeunesse") et Hizbul Islam (le parti islamique).


Atalante et mise en place de commandos sur des bateaux de pêches français

des côtes de la Somalie. Cette opération a pour but principal de protéger les navires marchands et les navires affrétés par le PAM (programme alimentaire mondial). Actuellement, 9 nations apportent une contribution opérationnelle permanente à l’opération : les Pays-Bas, l’Espagne, l’Allemagne, la Grèce, l’Italie, la Suède, la Belgique, le Luxembourg et la France. Les forces françaises à Djibouti et la proximité de Mayotte - présence permanente d’un détachement de la Légion étrangère - donnent à la France une certaine légitimité au large de la Somalie et dans le Golfe d’Aden. Malgré cette influence géographique, le commandement de l’opération Atalante a été confié au vice-amiral (GB) Peter Hudson. Afin de renforcer la lutte contre la piraterie, la France a lancé en juillet dernier un dispositif qui consiste à embarquer des soldats pour protéger des bateaux de pêche dans l’océan indien. Une soixantaine de fusiliers marins, dont des commandos de marine, assurent la protection d’une dizaine d’embarcations. Ce dispositif a montré toute son efficacité le 10 octobre 2009. Vers 6h du matin, heure française, des hors-bords pirates ont approché deux thoniers - le Glénan et le Drennec - qui croisaient comme à l’heure habitude en binôme au nord de l’archipel des Seychelles, une zone très poissonneuse éloignée de la Somalie. Les pirates ignoraient totalement la présence à bord des militaires. La France se mobilise donc pour protéger ses intérêts économiques liés à la pêche dans la région.

La Somalie, un Etat inexistant

Vide stratégique français

Pierre Lellouche, secrétaire d'Etat aux affaires européennes, venu à Djibouti les 10 et 11 octobre, aimerait voir les Européens s'engager davantage dans la lutte contre les pirates sur terre. Devant la piraterie somalienne, les cargos immergent plus au large leurs déchets mais ils ne font que déplacer le problème et le rende ainsi moins visible. Nous pouvons déplorer que la France avance de manière si timide en refusant d’affronter plus clairement le problème lié au départ du général Siyad Barre en 1990 suite à des émeutes sanglantes. Départ qui provoqua une guerre civile qui n’a jamais vraiment cessé jusqu’à maintenant.

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