Le Venezuela avec 172 milliards de barils de pétrole possède la seconde réserve mondiale de pétrole. A sa tête Hugo Chavez tente de déployer une stratégie de puissance pour s'affirmer et s'opposer aux Etats-Unis. Si de prime abord, le pays s'affirme en tant que leader indépendant, la rente pétrolière pourrait sur le long terme paradoxalement devenir un handicap si rien n'est fait pour développer l'économie du pays autrement que par le pétrole.
“ Mesdames et Messieurs, de cette tribune, le président des Etats-Unis, le monsieur que j'appelle le Diable, est venu ici parler comme s'il possédait le monde entier. Vraiment comme s'il était le propriétaire du monde ». Par ce discours, tenu devant l’assemblée onusienne, Hugo Chavez dévoile la stratégie défensive qu’il tente de déployer sur l’échiquier mondial : contrer les Etats-Unis et sa domination économique. Pour ce faire, le résident de Caracas possède une pièce maîtresse, l’ « or » noir. « Ils disent qu'ils veulent imposer un modèle démocratique » Le chef de marche de la lutte bolivarienne entend bien imposer le sien : un modèle basé sur l'égalité, le respect, la souveraineté des nations, mais surtout sur un idéal de coopération entre les pays.
L'Alternative Bolivarienne pour les Amériques se met en place et opère. Les accords fleurissent:
- Le Venezuela vend du pétrole à prix avantageux à Cuba, au Nicaragua, à la Bolivie, au Honduras, à la Jamaïque ou l'Equateur.
- Chavez développe des accords pour que ces mêmes pays raffinent eux-mêmes ce pétrole.
- Castro et Chavez s’accordent sur un échange pétrole contre médecins. Les vénézuéliens profitent d’un système de santé qui aurait sauvé 226 324 vies, les cubains eux profite d’un pétrole bon marché.
- La mission philanthropique est accomplie à telle point que les vénézuéliens jouissent d'un niveau de vie digne d''un pays occidental :
- un salaire minimum de 372 dollars, salaire qui a augment de 1% tous les ans depuis 12 ans
- tout le confort dans les foyers et les avantages sociaux avec un pouvoir augmenté de 22% sur 10 ans pour la classe pauvre.
- La construction d'un métro à Caracas
- Le Venezuela est indépendant en termes de raffinerie du pétrole qu'il consomme.
- 12,3 milliards de dollars, 10% du bénéfice de PdVSA, tel est le montant reversé au Fondespa, le Fond national pour le développement social et économique du pays.
- Le confort, la sécurité sociale est telle que l'Etat se retrouve obligée d'injecter des aides pour dynamiser le secteur de l'agriculture.
Parallèlement, Chavez développe des ententes avec les futurs grands consommateurs de pétrole et renforce sa pétro diplomatie avec la Russie ou l'Iran. Notamment, il signe des accords avec la Russie, le Vietnam, la Chine ou la Biélorussie pour l'extraction du pétrole vénézuélien. La consolidation des ententes régionales opérées, Chavez positionné comme interlocuteur incontournable au niveau mondial; il peut enfin procéder à la subordination des Etats-Unis et par extension de l'Occident. Ainsi, après avoir nationalisé d''entreprise pétrolière PdVSA, Chavez impose tout d'abord des royalties, des impôts sur le bénéfice, et en 2008, une association en cédant plus de 60% des parts à PdVSA. Atteignant son but, le résident de Caracas voit Exxon Mobil se retirer du marché. Total se retire… pour revenir avec 27 milliards à investir dans le bassin de d''Orenoque.
Cependant à y regarder de plus près, des 172 milliards de barils de pétrole exploitable, la plus importante réserve se situe dans el bassin de l'Orénoque. Ce bassin pétrolifère se compose de sables bitumineux et nécessite de fait des technologies de pointe pour les extraire. Des entreprises nouvellement impliquées dans le front antioccidental (China National Petroleum Corporation, Petro Vietnam, ENI&Belarusneft, Gazprom) seuls 13 brevets ont été développés concernant l''extraction du pétrole lourd. En face, les sociétés occidentales déjà présentes sur le site en ont développées 229. Chevron (américaine), à elle seule, en comptabilise 206!
Par ailleurs, la contamination du modèle bolivarien en Amérique du Sud a quel que peu été facilitée : Chavez financerait les campagnes politiques d''amis bolivariens dans la région. Quelques soupçons se portent sur les dernières campagnes équatorienne et bolivienne. La valise de 2 millions de dollars affrété par une équipe de PdVSA à la destination de Cristina Kirchner, présidente argentine, a elle, par ailleurs, fait également grand bruit. Or cette situation se révèle instable. Tel a été le cas en Honduras, la classe moyenne et riche du Honduras effrayée par d''adoption du modèle vénézuéliens a fomenté un coup d'état et éjecté d''ami de Chavez, Zézaya.
Alors si la constitution d'une puissance régionale parait peu probable, la puissance du Venezuela n'est pas assurée. L'économie repose complètement sur le pétrole: 90% des exportations, 50% du PIB. La crise étant passé par là, le pays souffre de dettes, les budgets voté sont irréalistes avec des productions journalières optimiste et un prix du baril à 60 dollars loin des 40 dollars actuels. Enfin malgré un budget fortement affecté par la crise, Chavez persiste à ne pas couper celui du social en annonçant une hausse de 20% du salaire minimum en pleine période de crise.
Myriam Farid