Dans le domaine de la cosmétologie, LVMH et L'Oréal mènent depuis 20 ans des recherches sur les cellules souches de la peau et du cheveu. L'Oréal a communiqué les résultats prometteurs pour la régénération de ces cellules au centre Charles Zviak de Clichy en juin dernier. LVMH Recherche avait organisé un symposium sur le sujet des cellules souches en 2007 au cours duquel étaient présentés également des résultats de recherche d'applications thérapeutiques dans la domaine de la médecine émanant de différents laboratoires de recherche hospitalo-universitaires d'Europe et du monde entier. Ces deux démarches témoignent des précautions prises par ces groupes pour communiquer sur les applications de la recherche dans un domaine très sensible sur le plan de la bioéthique. Leurs recherches vont-elles au delà de la seule cosmétologie?
Largement répercutés par la presse le 6 novembre dernier, les résultats obtenus par le Pr Patrick Aubourg, directeur d'une unité de recherche à l'Inserm et médecin à l'hôpital St Vincent de Paul, laissent présager de nombreuses autres avancées dans le domaine de la médecine à partir de cellules souches adultes. Publiés dans la revue Science, ils montrent que le succès de l'implantation de cellules-souches génétiquement modifiées, extraites de leur propre moelle osseuse, sur des enfants atteints d'une maladie génétique rare du cerveau (l'adrénoleucodystrophie) sont eux aussi le fruit de 20 ans de recherche.
Les recherches sur les cellules souches embryonnaires, prélevées sur des blastocystes de moins de 8 jours après la fécondation de l'ovule humain, et génétiquement modifiées, sont de loin les plus controversées. Si des manipulations de cellules souches animales (souris) sont menées depuis trente ans, ce n'est le cas des cellules humaines que depuis une dizaine d'années, selon les pays et les autorisations. Aux Etats-Unis, après un blocus de 8 ans instauré par George Bush, le président Barak Obama s'est empressé après son arrivée à la Maison Blanche d'autoriser le financement par l'Etat de la recherche sur les cellules souches embryonnaires (le 10 mars 2009). Les Américains sont bien conscients qu'il ne faut pas perdre de retard en la matière tant les enjeux sont importants en terme de production à des fins thérapeutiques (diabète, maladie de Parkinson, Alzheimer). Le veto de G. Bush n'avait d'ailleurs pas empêché la Californie de continuer à développer cette thématique sur fonds privés.
Les essais cliniques en sont à leurs débuts. Le programme européen BEST-Stem Cells entre dans sa phase active pour définir au mieux les conditions de culture de cellules souches, les milieux et les protocoles. Un programme de trois ans et 3 millions d’euros. Sur le vieux continent, les lois de bioéthique encadrent fermement la recherche et limitent les dangers potentiels de ses applications notamment en termes de clonage humain. En Grande-Bretagne, la Human Fertilisation and Embryology Autority s'est saisi de la question et, en France, des états généraux ont eu lieu au printemps 2009 dans le cadre de la révision des lois sur la bioéthique. Sans que le débat ait vraiment pris de l'ampleur dans le grand public.
Jusque là, à l'échelle mondiale, seules des recommandations ont été émises en 2007 par l'International Society for Stem Cell Research. Cependant en Chine, plus de 50 instituts travaillent déjà sur les cellules-souches sans prendre toutes ces précautions. Les autorités chinoises se sont alarmé des nombreux cas de fraudes suivies de décès au point que des traitements utilisant des cellules souches manipulées ne seront plus autorisés par le ministère de la santé qu'après des essais cliniques! Cette mesure a été adoptée à Londres en septembre 2009 à la suite des recommandations du Bionet Expert Group (qui rassemble 4 groupes chinois et 5 européens). Comment la question des réglementations peut-elle être résolue dans le domaine du vivant alors que l'importance des considérations de bioéthique est si diamétralement opposée d'un continent à l'autre?
Thérèse Bouveret
Largement répercutés par la presse le 6 novembre dernier, les résultats obtenus par le Pr Patrick Aubourg, directeur d'une unité de recherche à l'Inserm et médecin à l'hôpital St Vincent de Paul, laissent présager de nombreuses autres avancées dans le domaine de la médecine à partir de cellules souches adultes. Publiés dans la revue Science, ils montrent que le succès de l'implantation de cellules-souches génétiquement modifiées, extraites de leur propre moelle osseuse, sur des enfants atteints d'une maladie génétique rare du cerveau (l'adrénoleucodystrophie) sont eux aussi le fruit de 20 ans de recherche.
Les recherches sur les cellules souches embryonnaires, prélevées sur des blastocystes de moins de 8 jours après la fécondation de l'ovule humain, et génétiquement modifiées, sont de loin les plus controversées. Si des manipulations de cellules souches animales (souris) sont menées depuis trente ans, ce n'est le cas des cellules humaines que depuis une dizaine d'années, selon les pays et les autorisations. Aux Etats-Unis, après un blocus de 8 ans instauré par George Bush, le président Barak Obama s'est empressé après son arrivée à la Maison Blanche d'autoriser le financement par l'Etat de la recherche sur les cellules souches embryonnaires (le 10 mars 2009). Les Américains sont bien conscients qu'il ne faut pas perdre de retard en la matière tant les enjeux sont importants en terme de production à des fins thérapeutiques (diabète, maladie de Parkinson, Alzheimer). Le veto de G. Bush n'avait d'ailleurs pas empêché la Californie de continuer à développer cette thématique sur fonds privés.
Les essais cliniques en sont à leurs débuts. Le programme européen BEST-Stem Cells entre dans sa phase active pour définir au mieux les conditions de culture de cellules souches, les milieux et les protocoles. Un programme de trois ans et 3 millions d’euros. Sur le vieux continent, les lois de bioéthique encadrent fermement la recherche et limitent les dangers potentiels de ses applications notamment en termes de clonage humain. En Grande-Bretagne, la Human Fertilisation and Embryology Autority s'est saisi de la question et, en France, des états généraux ont eu lieu au printemps 2009 dans le cadre de la révision des lois sur la bioéthique. Sans que le débat ait vraiment pris de l'ampleur dans le grand public.
Jusque là, à l'échelle mondiale, seules des recommandations ont été émises en 2007 par l'International Society for Stem Cell Research. Cependant en Chine, plus de 50 instituts travaillent déjà sur les cellules-souches sans prendre toutes ces précautions. Les autorités chinoises se sont alarmé des nombreux cas de fraudes suivies de décès au point que des traitements utilisant des cellules souches manipulées ne seront plus autorisés par le ministère de la santé qu'après des essais cliniques! Cette mesure a été adoptée à Londres en septembre 2009 à la suite des recommandations du Bionet Expert Group (qui rassemble 4 groupes chinois et 5 européens). Comment la question des réglementations peut-elle être résolue dans le domaine du vivant alors que l'importance des considérations de bioéthique est si diamétralement opposée d'un continent à l'autre?
Thérèse Bouveret