Les jeux d’influence dans la bataille pour Opel

Sur décision de conseil d’administration de GM, la vente d’Opel a été annulée. Les réactions sont intéressantes : les Britanniques sautent de joie, les Allemands crient au scandale, le groupe austro-canadien est d’accord et les Russes sont surpris. L’Union Européenne, quant à elle, est réservée dans ses commentaires. Selon le communiqué de presse de GM, la décision de garder la filiale a été prise suite à l’amélioration de la situation du secteur automobile sur le marché européen et de la situation financière du groupe.

Le contexte de l’affaire :
Confronté à la crise le géant de l’industrie d’automobile américaine a annoncé son attention de vendre sa filiale Opel/Vauxhall début de cette année. Après plusieurs mois de négociations, GM a choisi Magna, l'équipementier canadien, et Sberbank, la banque russe, comme repreneurs de 55% d’actions d’Opel. Les deux repreneurs devaient se partager à égalité les 55% de la filiale  Opel/Vauxhall.
Comme le plan de sauvegarde proposé à GM comprenait des suppressions d’emplois en Allemagne et Grande Bretagne, principalement, cette affaire a été suivie de près par les gouvernements de deux pays. Les réactions des deux gouvernements n’ont pas été identiques.
Le gouvernement fédéral de Berlin par la voix du ministre de l'Economie Rainer Brüdera a émis l’exigence à Opel de rembourser le prêt qui lui a été accordé de 1,1 milliard d'euros. Les syndicats allemands d’Opel ont averti des "actions de contestation" sur tous les sites allemands dès jeudi, qui doivent ensuite s’étaler au niveau européen… même en Grande Bretagne ?
De son côté, le ministre de l’industrie, Lord Mandelson, félicite le constructeur américain de cette décision et propose de commencer des négociations immédiatement avec GM, en proposant de financer la filiale en difficulté. Le verdict de GM a pareillement été saluée par le syndicat britannique « Unite ».
Le porte-parole du premier-ministre russe dit d’être surpris par la décision du GM.

GM et le secteur automobile en Europe :
Selon une source du gouvernement fédéral Russe, une des raisons pour lesquelles GM a pris la décision de ne plus vendre Opel est l’analyse de la situation économique et la conjoncture du secteur en Europe, notamment sur le marché russe. Or, les donnés utilisés dans cette analyse contenaient des engagements de l’Etat russe, derrière Sberbank, pour Opel. En cas où Sberbank n’entrera pas dans le capital d’Opel, il n’aura aucun intérêt d’engager l’Etat russe au développement de la filiale allemande sur son marché.
Le 3 novembre durant la réunion extraordinaire pour les questions économiques, le premier-ministre russe, Vladimir Poutine, a abordé la question du constructeur russe Avtovaz. Les dettes de celui-ci s’élèvent à un milliard d’euro. Une des mesures à entreprendre pour faire sortir le constructeur de crise sera d’injecter environ 1.3 Mlrd€ (pour le renouvèlement du matériel industriel, développement des modèles en cours pour concurrencer le marché). En plus de ça, le gouvernement n’exclut pas la mise en place d’un partenariat privilégié avec le groupe français Renault, qui détient à ce jour 25% d’Avtovaz.

En privilégiant l’hypothèse de partenariat avec la Grande Bretagne GM (et Opel) risque de perdre le soutien de la Russie sur le marché émergent, le plus intéressant. Cette place peut être prise par Renault. Tous les plus et moins ont été étudiés par le conseil d’administration de GM cette nuit ?

Igor Levinta

Sources
http://www.guardian.co.uk/business/2009/nov/04/mandelson-vauxhall-general-motors
http://en.rian.ru/russia/20091104/156708876.html
http://www.lejdd.fr/Economie/Industrie/Actualite/GM-conserve-Opel-147593/
http://rian.ru/economy/20091103/191827207.html
http://rian.ru/economy/20091104/191904623.html
http://www.latribune.fr/entreprises/industrie/automobile/20091104trib000440366/moscou-pret-a-confier-avtovaz-a-renault.html