La guerre franco-française entre Orange et Canal + fait rage autour de l'industrie des « contenus ». Orange vient de nommer justement il y a peu un directeur des contenus, Xavier Couture, issu de Canal +. « Nous aurons dépensé en faveur du cinéma français et européens plus de 50 millions d'euros en 2009, soit plus que TF1 » déclare-t-il au Figaro (21/10/09) « car aujourd'hui, les obligations d'Orange sont les mêmes que celles de Canal+. Je constate que la production française est très bien financée puisque de 120 films produits par an il y a 15 ans, nous sommes passés à 240 en 2009 ». La production de film il connaît bien, et sans doute tout autant que Frédérique Dumas qui dirige Studio 37. Cette filiale à 100% d'Orange-France Télécom coproduit et achète des films : des films à grand spectacle aux films de «niche» en passant par les films d'animation, d'auteur ou de genre. « Nous voulons de la diversité car les services de contenus du futur seront individualisés non seulement en fonction des écrans (téléphone mobile, ordinateur, télé), mais aussi selon leur moment d'utilisation. Nous coproduisons une quinzaine de films par an et nous achetons des films ou des catalogues de films et même des sociétés détenant des catalogues » déclarait Frédérique Dumas dans le Nouvel Obs il y a un an. TF1 et Canal + crient au scandale. D'autant plus qu'Orange a obtenu l'exclusivité pour la retransmission de matches de foot accessibles depuis des terminaux mobiles. Jusque là une chasse gardée de TF1. Or TF1, qui est une filiale de Bouygues, est également actionnaire de Bouygues Télécom. Canal+ est une filiale de Vivendi, qui est par ailleurs actionnaire de SFR et de Neuf.
La tendance est à la convergence. Des géants s'affrontent et rivalisent de vitesse pour se positionner sur toute la chaîne de production de l'information et de la communication : opérateur de téléphonie mobile, gestionnaire de réseaux, opérateurs de télévision, producteurs de contenus. Car il s'agit d'affronter Google ou encore Yahoo. Devenu en moins de dix ans le mastodonte des réseaux, Google déploie ses câbles de fibre optique sous le Pacifique pour inonder directement le marché japonais ou asiatique des films américains ou de jeux vidéos.
Google est en passe de devenir une régie publicitaire mondiale grâce à des algorithmes puissants permettant de mieux cibler les consommateurs selon des profils de plus en plus individualisés. Ce qui met en péril les agences de publicité qui lancent des campagnes de publicité selon des méthodes traditionnelles. Google ou Yahoo ou d'autres captent ainsi les deux tiers de la manne publicitaire qui contribuait jusque là aux financements de la presse ou des chaînes de télévision. C'est la fin d'un modèle économique. Les ressources publicitaires engrangées par Google lui permettent de financer la recherche et l'innovation en recrutant les meilleurs talents de la planète pour développer de nouveaux services en ligne. Google maps n'est pas l'un des moindre. Google devient également une bibliothèque mondiale en scannant 30 000 documents par jour. A ce rythme, il mettre bientôt en libre accès (gratuit) une grande partie des fonds documentaires mondiaux?
Pourquoi ne pas parler de guerre de la connaissance. Des éditeurs ont d'ailleurs intenté un procès à Google et réclamé une contribution aux droits d'auteurs pour les documents (photographies, textes) mis gratuitement à la disposition du public. Des signaux d'alarme clignotent pour éviter que la création ne s'appauvrisse. Il existe différents fronts pour agir avant que n'émerge un nouvel ordre économique qui aboutirait à l'émergence du modèle californien de Google. A l'heure où l'Unesco recueille les patrimoines culturels de l'humanité et désigne quelques ultimes représentants de culture orales comme des patrimoines vivants de l'humanité, le patrimoine de connaissances accumulé par la vieille Europe, qui est une somme de ses singularités culturelles, ne devrait pas échapper à ce socle fertile sans contreparties négociables.
Le plus grand danger se situe encore en amont. Du côté des géants de l'informatique comme Microsoft ou Apple qui voudraient supprimer purement et simplement supprimer toute intermédiation avec les consommateurs. Dans cette guerre des contenus, ou des connaissances au sens large, il s'agit d'étudier les acteurs en présence et les stratégies qu'ils déploient pour conquérir les marchés qui se profilent actuellement qu'il s'agisse des opérateurs de téléphonie mobile et des opérateurs de réseaux. Siemens et Nokia sont également en lice. Quelles alliances ont-ils conclu? Avec quels fournisseurs de réseaux : free, Aol, Yahoo, altavista? Pour quels contenus : audiovisuels, presse, éditions? En utilisant quels outils (Kindle Amazon, téléphonie mobile, TV à haut débit?)
Thérèse Bouveret
La tendance est à la convergence. Des géants s'affrontent et rivalisent de vitesse pour se positionner sur toute la chaîne de production de l'information et de la communication : opérateur de téléphonie mobile, gestionnaire de réseaux, opérateurs de télévision, producteurs de contenus. Car il s'agit d'affronter Google ou encore Yahoo. Devenu en moins de dix ans le mastodonte des réseaux, Google déploie ses câbles de fibre optique sous le Pacifique pour inonder directement le marché japonais ou asiatique des films américains ou de jeux vidéos.
Google est en passe de devenir une régie publicitaire mondiale grâce à des algorithmes puissants permettant de mieux cibler les consommateurs selon des profils de plus en plus individualisés. Ce qui met en péril les agences de publicité qui lancent des campagnes de publicité selon des méthodes traditionnelles. Google ou Yahoo ou d'autres captent ainsi les deux tiers de la manne publicitaire qui contribuait jusque là aux financements de la presse ou des chaînes de télévision. C'est la fin d'un modèle économique. Les ressources publicitaires engrangées par Google lui permettent de financer la recherche et l'innovation en recrutant les meilleurs talents de la planète pour développer de nouveaux services en ligne. Google maps n'est pas l'un des moindre. Google devient également une bibliothèque mondiale en scannant 30 000 documents par jour. A ce rythme, il mettre bientôt en libre accès (gratuit) une grande partie des fonds documentaires mondiaux?
Pourquoi ne pas parler de guerre de la connaissance. Des éditeurs ont d'ailleurs intenté un procès à Google et réclamé une contribution aux droits d'auteurs pour les documents (photographies, textes) mis gratuitement à la disposition du public. Des signaux d'alarme clignotent pour éviter que la création ne s'appauvrisse. Il existe différents fronts pour agir avant que n'émerge un nouvel ordre économique qui aboutirait à l'émergence du modèle californien de Google. A l'heure où l'Unesco recueille les patrimoines culturels de l'humanité et désigne quelques ultimes représentants de culture orales comme des patrimoines vivants de l'humanité, le patrimoine de connaissances accumulé par la vieille Europe, qui est une somme de ses singularités culturelles, ne devrait pas échapper à ce socle fertile sans contreparties négociables.
Le plus grand danger se situe encore en amont. Du côté des géants de l'informatique comme Microsoft ou Apple qui voudraient supprimer purement et simplement supprimer toute intermédiation avec les consommateurs. Dans cette guerre des contenus, ou des connaissances au sens large, il s'agit d'étudier les acteurs en présence et les stratégies qu'ils déploient pour conquérir les marchés qui se profilent actuellement qu'il s'agisse des opérateurs de téléphonie mobile et des opérateurs de réseaux. Siemens et Nokia sont également en lice. Quelles alliances ont-ils conclu? Avec quels fournisseurs de réseaux : free, Aol, Yahoo, altavista? Pour quels contenus : audiovisuels, presse, éditions? En utilisant quels outils (Kindle Amazon, téléphonie mobile, TV à haut débit?)
Thérèse Bouveret