Un dossier du quotidien Libération (Nos déchets sont cachés en Sibérie, 12/10/2009) et un reportage diffusé sur Arte le lendemain (Déchets : le cauchemar du nucléaire) révèlent qu’Areva transporte des déchets radioactifs d’EDF jusqu’au complexe sibérien de Tomsk-7 où ils sont pris en charge par l’entreprise russe Tenex. Les deux entreprises françaises assurent qu’il ne s’agit pas de déchets mais de « matière radioactive » recyclable, ce que réfutent écologistes et certains experts. La secrétaire d’Etat à l’écologie Chantal Jouanno demande une enquête car personne ne réussit « à [lui] confirmer ou [lui] infirmer ces informations ».
Ce n’est pas la première fois que les industriels sont attaqués sur le thème des déchets. Au-delà des critiques récurrentes relatives au choix de la France d’opter pour le retraitement-recyclage (contesté car peu efficace des points de vue technique, écologique et économique), revenons sur deux épisodes récents.
Le 8 octobre dernier, un rapport commandité par Greenpeace France à un laboratoire jugé indépendant, l’Association pour le contrôle Radioactivité dans l’Ouest (ACRO), révélait une gestion scandaleuse des déchets au Centre de Stockage de la Manche, premier centre de stockage de déchets nucléaires français, que le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) qualifie de « référence nationale ».
En février 2009, France 3 diffusait dans l’émission Pièces à conviction une enquête accusant Areva d’abandonner sans mesure de protection ou de surveillance des millions de tonnes de déchets radioactifs issus des mines d’uranium. Avant l’émission, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) avait mis en ligne une liste des sites miniers incriminés. A l’époque, Areva avait saisi le Conseil supérieur de l’audiovisuel avant la diffusion de l’émission pour dénoncer un « magazine à charge ». L’entreprise s’était aussi exprimée a posteriori en dénonçant un documentaire « calomnieux » et en assurant agir avec une « méthodologie rigoureuse et reconnue, tant par les autorités nationales qu’au niveau international ».
En ce mois d’octobre, la réaction des industriels français est comparable. Le directeur de la division combustible nucléaire d’EDF juge que l’article de Libération est « totalement inexact » et « tend à créer de l’émotion sur un sujet qui est en fait un sujet connu ». EDF et Areva parlent ensuite d’une « pratique internationale courante » et se réfèrent aux autorités nucléaires lorsqu’elles répliquent aux écologistes sceptiques que Tenex et la Russie répondent désormais aux critères internationaux.
Pourtant, les écologistes s’interrogent sur l’indépendance et le pouvoir des autorités de contrôle, jugées forcément pro-nucléaires. Ils s’interrogent aussi sur la réelle transparence du Haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire. Effectivement, comme l’avoue Anne Lauvergeon dans le documentaire diffusé par Arte, l’industrie nucléaire manque de « transparence historique et de compréhension ». Ce n’est pas l’affaire du plutonium de Cadarache qui la contredira : l’Autorité de sûreté nucléaire et le CEA ont des différends sur l’interprétation des lois et des nuances dans l’appréciation des dossiers techniques. On ne s’étonnera donc pas que le public, comme la plupart des politiques, n’ait pas les connaissances lui permettant de s’immiscer dans le débat. Les militants anti-nucléaires multiplient les attaques informationnelles (presse, Internet, manifestations) mais ne trouvent pas la caisse de résonance suffisante pour obliger les industriels à s’expliquer et à communiquer plus sérieusement.
Ce n’est pas la première fois que les industriels sont attaqués sur le thème des déchets. Au-delà des critiques récurrentes relatives au choix de la France d’opter pour le retraitement-recyclage (contesté car peu efficace des points de vue technique, écologique et économique), revenons sur deux épisodes récents.
Le 8 octobre dernier, un rapport commandité par Greenpeace France à un laboratoire jugé indépendant, l’Association pour le contrôle Radioactivité dans l’Ouest (ACRO), révélait une gestion scandaleuse des déchets au Centre de Stockage de la Manche, premier centre de stockage de déchets nucléaires français, que le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) qualifie de « référence nationale ».
En février 2009, France 3 diffusait dans l’émission Pièces à conviction une enquête accusant Areva d’abandonner sans mesure de protection ou de surveillance des millions de tonnes de déchets radioactifs issus des mines d’uranium. Avant l’émission, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) avait mis en ligne une liste des sites miniers incriminés. A l’époque, Areva avait saisi le Conseil supérieur de l’audiovisuel avant la diffusion de l’émission pour dénoncer un « magazine à charge ». L’entreprise s’était aussi exprimée a posteriori en dénonçant un documentaire « calomnieux » et en assurant agir avec une « méthodologie rigoureuse et reconnue, tant par les autorités nationales qu’au niveau international ».
En ce mois d’octobre, la réaction des industriels français est comparable. Le directeur de la division combustible nucléaire d’EDF juge que l’article de Libération est « totalement inexact » et « tend à créer de l’émotion sur un sujet qui est en fait un sujet connu ». EDF et Areva parlent ensuite d’une « pratique internationale courante » et se réfèrent aux autorités nucléaires lorsqu’elles répliquent aux écologistes sceptiques que Tenex et la Russie répondent désormais aux critères internationaux.
Pourtant, les écologistes s’interrogent sur l’indépendance et le pouvoir des autorités de contrôle, jugées forcément pro-nucléaires. Ils s’interrogent aussi sur la réelle transparence du Haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire. Effectivement, comme l’avoue Anne Lauvergeon dans le documentaire diffusé par Arte, l’industrie nucléaire manque de « transparence historique et de compréhension ». Ce n’est pas l’affaire du plutonium de Cadarache qui la contredira : l’Autorité de sûreté nucléaire et le CEA ont des différends sur l’interprétation des lois et des nuances dans l’appréciation des dossiers techniques. On ne s’étonnera donc pas que le public, comme la plupart des politiques, n’ait pas les connaissances lui permettant de s’immiscer dans le débat. Les militants anti-nucléaires multiplient les attaques informationnelles (presse, Internet, manifestations) mais ne trouvent pas la caisse de résonance suffisante pour obliger les industriels à s’expliquer et à communiquer plus sérieusement.