Attaque informationnelle autour du gaz turkmène

Ces derniers temps, une série d'informations et de contre-informations autour des réserves de gaz turkmènes sème le trouble dans les projets d'acheminement de gaz d'Asie Centrale vers l'Europe. Le 12 Octobre dernier, deux sources - Le journaliste Russe Arkady Dubnov pour le journal Vremya Novostei, ainsi qu'une ONG basée en Allemagne : Eurasian Transition Group (ETG) - affirmaient que lors de l’audit de leurs gisements gaziers, le gouvernement Turkmène avait transmis des données erronées, ce qui remettrait en cause les dernières estimations sur les réserves de gaz de ce pays d'Asie Centrale. L'étude avait été commandée par le gouvernement Turkmène et avait été menée par le cabinet anglais Gaffney Cline & Associates (GCA). Leur travaux, rendus publics en Octobre 2008 portaient sur les champs du sud Oslan et de Yashlar.
Les résultats avaient fait impression : Selon leur étude, les turkmènes seraient assis sur une réserve évaluée à 6 trillions de m3 de gaz au bas mot soit une des plus importantes au monde. Seulement voilà, selon ETG et M. Dubnov, cette étude serait faussée.
La riposte du cabinet Gaffney n'a pas attendu. Dans un article paru sur le site www.eurasianet.org, Jim Gillet, un haut représentant de Gaffney & Cline, a fermement défen-du la réputation son cabinet arguant que les méthodes employées pour effectuer l'audit et la quantité des données travaillées ne permettent pas de penser que celles-ci étaient falsifiées. Il serait, selon M. Gillet très compliqué de falsifier autant de paramètres tout en conservant une cohérence globale. Le cabinet britannique a d'ailleurs réitéré sa bonne foi dans un communiqué de paru le 15 octobre et consultable sur le site de ETG.
Entre temps, si Dubnov maintenait ses allégations, l'ONG ETG n'écartait pas l'hypothèse qu'elle ait pu être manipulée : Michael Laubsch, the executive director of ETG, acknowledged that he could not verifybeyond all reasonable doubt the information provided by the source for the NGO’s report on Turkmen energy reserves. "Circles in Turkmenistan are so closed, that you never know," Laubsch said.  (source : eurasianet.org)
Il n'est pas impossible que tout cela soit lié au projet Nabucco. Ce projet vise à sécuriser les approvisionnements en gaz pour l'Europe. Directement soutenu par l'UE, il sera une alterna-tive aux réseaux de distribution russes, existants ou futurs. En effet, la Russie propose deux alternatives à la route actuelle, qui passe par l'Ukraine et qui comme tout le monde le sait, n'est pas très fiable : South Stream et North Stream. Le projet Nabucco est directement concurrent au South Stream russe et potentiellement menaçant d'un point de vue géopolitique tant il remettrait en cause l'hégémonie russe en matière d'énergie sur le continent européen. Il est évident que le Kremlin souhaiterait garder le monopole sur la manne turkmène et il n'est pas inintéressant pour eux de faire courir le bruit que les réserves turkmènes ne seraient pas en quantité suffisante pour alimenter Nabucco.
L'Europe va donc devoir jouer très serré pour garantir son indépendance énergétique à terme.

B.D.