A qui profite la création des classements des universités au niveau international ?
Dans le cadre de la compétition de l’économie de la connaissance, les classements des universités sont devenus incontournables : prestige national, ego du corps professoral, fonds alloués. Depuis cinq ans, nous voyons une transformation assez radicale des modes de fonctionnement des universités, que ce soit au niveau du recrutement, du financement, des formations proposées ainsi que des modes d’obtention des diplômes.
En 2003, « le classement de Shanghai », ou Academic Ranking of Word Universities (ARWU) a créé une innovation, il n’y avait pas classement international des universités mais seulement national. Ce classement fut créé par l’université de Shangu Jiao sous la présidence de Xie Shengwu, membre du Comité Central Chinois, non pas pour comparer les universités du monde mais pour connaitre la place des universités chinoises par rapport aux autres universités de renom. Les Chinois veulent se projeter sur le long terme, se doter d’universités de classe mondiale. L’année d’après ce fut au tour du Times Higher QS de se doter d’un classement similaire en ajoutant des critères propre aux anglais.
aux nombres d’articles publiés, de prix Nobel reçus, de professeurs nobélisés, entre autres. Un certain nombre de professeurs sont contre ce système, notamment en France : les critères choisis ne reflètent pas le vrai niveau de compétence des cours dispensés. Ainsi une analyse critique des articles publiés par des professeurs nord-américains avant la crise financière démontrerait qu’une partie d’entre eux ont écrit des articles soutenant l’évolution du fonctionnement du monde de la finance depuis vingt ans et qui, si ils étaient pris en compte par le classement de Shanghai, porteraient préjudice à l’image et à la réputation d’un certain nombre d’universités anglo-saxonnes. On remarque depuis plusieurs années l’accentuation de la dérive de certaines pratiques dans le monde universitaire des Etats-Unis d’Amérique. Les professeurs doivent publier en moyenne deux articles par an pour conserver leurs postes. Cette pression les amène à faire plancher des dizaines d’étudiants en amphi devant des ordinateurs afin de valider des thèmes de recherche par le quantitatif aux dépens du qualitatif. Dan le même ordre d’idées, la compétition entre les universités cotées nord-américaines incite certaines d’entre elles comme Harvard à augmenter le quota de bonnes notes afin d’être plus attractives pour les futures recrues.
la France de remonter au classement. En effet, afin de maintenir leurs compétitivités au sein de l’économie de la connaissance, les universités de l’UE se doivent de mieux utiliser leurs ressources pour rester attractives auprès des étudiants et des chercheurs et ainsi éviter la fuite des cerveaux.
US News & World Report est celui qui a le plus de résonance. De plus, ces classements sont quand même utilisés afin de maintenir et de construire une position et une réputation institutionnelle. Qu’on le veuille ou non, ils influent sur les partenariats et collaborations au niveau national et international. Aujourd’hui cela sert d’outil marketing en ces temps de crises. Le nerf de la guerre reste l’argent et les chercheurs sont toujours à la recherche d’argent frais.
Rebecca Hughes de l’Université de Nottingham (GB) pose ainsi le problème : la transparence des classements aura-t-elle pour effet de promouvoir ou d’entraver les collaborations inter-établissements à l’échelon international ? Les universités en haut de l’affiche qui présentent leurs programmes, peuvent ainsi mieux cibler le choix des partenariats qui ont un intérêt stratégique aussi bien national qu’international. Ainsi quels que soient les critères utilisés dans les classements, cela sert les intérêts des fournisseurs d’enseignement supérieur et les responsables politiques nationaux.
On peut dire qu’en France la réforme des universités découle, en partie, de ces classements. Nous avons vu qu’il y avait un débat important sur la qualité et les performances des établissements d’enseignement supérieur (EES), sur la manière dont ces critères sont établis et dans quel but.
Les implications politiques sont très importantes notamment sur l’éducation de l’opinion publique et des meneurs d’opinion. Chaque entité, chaque Etat doit se doter d’outils lui permettant, soit de se maintenir en première position, soit d’essayer de contrer la montée inexorable des EES des pays émergents.
la tenue de conférences pour multiplier les partenariats dans le but d’accroitre son économie de la connaissance.
La bataille des élites ne fait que commencer dans cette compétition de l’économie de la connaissance.
Cédric Goffard