Quid des liens entre l’Armée française et l’industrie de Défense ?

Après avoir perdu la possibilité d’équiper son FAMAS avec des balles de fabrication locale (bonne qualité) les forces françaises s’approvisionnent avec le matériel étranger qui diminue l’efficacité de l’arme de notre fantassin. Au début d’année 2009 l’Armée d’Air a décidé d’équiper les fusiliers-commando d’air avec les fusils HK-416 de la société allemande Heckler & Koch en remplaçant le FAMAS traditionnel.  L’Etat-major des armées  a officiellement annoncé que les forces françaises ne seront plus équipées avec l’arme anti-char en dotation Milan, laquelle sera remplacé par « Spike » israélien  ou le « Javelin » américain. Maintenant on apprend que l’Armée de Terre sera bientôt équipée avec des transporteurs de troupes du type VHM anglais.
Ce panachage de matériel peut être compréhensible s’il s’accompagne d’exportations équivalentes de matériel militaire français vers les pays occidentaux. Or ce n’est pas le cas. Si la France est le troisième exportateur au monde d’armement avec une part de marché de 7%, derrière les États-Unis (49%), la Grande Bretagne (15%) et la Russie (8%), chiffres de 2008, elle est en voie de régression et encontre des difficultés pour maintenir cette position car vendre des armes dans les pays comme le Brésil, le Maroc, l’Arabie Saoudite ou la Grèce n’a rien à voir avec le fait d’approvisionner les armées des grandes puissances présentes sur les théâtres d’opérations, comme la Grande Bretagne, l’Allemagne, l’Espagne ou l’Italie.
Nous ne manquons pourtant pas d’atouts. Rappelons que les troupes françaises sont présentes sur tous les continents. Selon l’Etat-major des armées, en septembre 2009 la France a déployé 9500 militaires en opérations extérieurs (OPEX) en Afrique, Europe (Kosovo), Asie et  Amériques. Cette présence quasi permanente des militaires français permet d’étudier les besoins d’utilisation d’armes et des systèmes d’armes au profit des forces. De leur côté, les industriels français ont réussi à maintenir un niveau technologique remarquable comme le démontre EADS qui défit Boeing sur le sol américain (contrat avec DoD pour les avions ravitailleurs), Dassault qui concurrence Boeing et SAAB au Brésil, et Eurocopter qui  fait face aux concurrents russe et américaine en Inde. Mais ces atouts ne se substituent à une stratégie globale de production d’armement. L’incapacité de la France et de l’Europe à contrer les Etats-Unis sur l’offre nouvelle des produits dérivés du Homeland Security est un premier constat de cette défaillance communautaire.

Igor Levinta

Sources :
http://www.ttu.fr/francais/Articles/Industrie%20%26%20materiels/vikingvsbronco.html
http://www.infoguerre.fr/industries-et-souverainete/un-scandale-gentiment-enterre-la-munition-du-famas/
http://www.lepoint.fr/actualites-monde/2009-03-06/l-armee-de-l-air-abandonne-partiellement-le-fusil-famas/1648/0/323185
http://www.defense.gouv.fr/ema/operations_exterieures/carte_des_opex/carte_deploiement_opex
http://www.opex360.com/2009/09/29/vente-darmes-la-france-saccroche/