Les liens entre l’armée et la réserve sont en train se de se déliter. C’est l’avis d’un certain nombre de spécialistes qui considèrent que la professionnalisation de l’armée a été un facteur déterminant dans cette évolution pour le moins négative. Contrairement aux États-Unis, les réservistes sont considérés en France comme des éléments au rabais rarement pris au sérieux par les militaires de métier. Cette défiance « naturelle » commence à se faire sentir dans les milieux civils qui sont proches de l’armée. La professionnalisation a créé une coupure importante dans la mesure où les Élèves Officiers de Réserve, appelés du contingent, constituaient un lien permanent à vocation opérationnelle entre le monde militaire et le monde civil. La disparition des EOR a repoussé le monde des réservistes à des fonctions subalternes qui ne sont pas toujours comprises par le monde militaire, lui-même soumis à une très forte diminution d’effectifs et donc trop soucieux de gérer les problèmes du quotidien pour intégrer ce type de préoccupation. Les départs volontaires se multiplient et dans une proportion à laquelle ne s’attendait pas le Ministère de la Défense. Beaucoup de gradés préfèrent partir tôt pour se reconvertir dans le monde de l’entreprise. Ce mouvement de départ affecte souvent les cadres confirmés. Autrement dit, ce ne sont pas les plus mauvais qui partent les premiers. La position défensive adoptée par une armée de métier repliée sur ses prérogatives n’est pas saine. Les militaires se coupent un peu plus d’une société civile qui se désintéresse de leur fonction et de leur utilité. Le défile traditionnel du 14 juillet ne compense pas cette désaffection croissante. A terme, le prix à payer sera plus lourd que ne le croit un monde militaire très tourné vers les opérations extérieures et psychologiquement affecté par le poids pris par la gendarmerie dans la sécurité intérieure du pays.