Les guerres territoriales de l’information

Le conflit contre SKF  (leader mondial du roulement à billes avec 43 000 salariés) est un cas exemplaire d’affrontement informationnel. Mais il reste classique dans les méthodes employées car ces pratiques (menace, relai politique qui se mobilise pour la circonstance, sabotage de machines) sont en usage depuis des dizaines d’années dans les milieux subversifs du monde ouvrier. Dans certains cas, elles fonctionnent comme l’on démontré les salariés de JLG qui ont obtenu trente mille euros d’indemnités. Les salariés de l’entreprise JLG de Tonneins, en grève depuis trois semaines, ont repris le travail le 17 juillet 2009 après avoir posé, puis retiré des bouteilles de gaz sur le site à l’exemple des salariés de New Fabris à Châtellerault. En revanche pour le cas SKF, rien ne dit que la bonne démarche soit utilisée. Tom Johnstone, le patron écossais de SKF, est un stéréotype de self made man qui ne se sent pas concerné par cette agitation locale aux accents vaguement hexagonaux. Une attaque frontale n’a pas beaucoup de chance d’aboutir parce que les salariés ne peuvent pas affaiblir SKF tout en réclamant leur maintien dans l’entreprise. Le cas SKF est exemplaire dans le sens qu’il implique une démarche de guerre de l’information particulière où il est nécessaire de changer éventuellement d’échiquier. Quels sont les points faibles de SKF ? Telle est la problématique sur laquelle il faudrait préalablement travailler pour élaborer ensuite une riposte centrée sur le maillon faible de cette multinationale.
Pour faire plier SKF, il serait nécessaire de l’attaquer avec d’autres forces de la société civile qui n’ont rien à voir avec ce conflit social et qui sont extérieures à la société. La chasse en meute des ONG sur certaines cibles économiques est déjà pratiquée depuis plusieurs années avec des résultats intéressants. Le site knowckers.org a déjà relaté des cas de ce genre. Dans le cas de SKF, une coopération de ce type n’existe pas car ni les syndicats, ni les forces politiques n’ont en tête une telle stratégie concertée, étant donné leurs divergences d’intérêts. Mais il n’est pas impossible d’imaginer ce type de réaction dans un avenir prochain dans la mesure où les intérêts industriels recoupent de plus en plus les intérêts de puissance.

Rappel des faits
Après avoir brûlé deux machines dans l’usine vendéenne de Fontenay-le-Comte, qui doit fermer ses portes, les salariés sont allés bloquer le plus grand site français du fabricant de roulement à billes en Touraine. Depuis hier, une centaine d’employés sont installés devant les grilles de l’usine de Saint-Cyr-sur-Loire, prés de Tours. " Ils ont cadenassé les grilles d’accès pour empêcher toute entrée et sortie de camions", a indiqué Jean-François Mony, délégué CGT du site de Touraine. Des salariés en colère qui entendent bien maintenir le siège car d’autres "sont prévus pour venir les remplacer", a précisé le syndicaliste.
La fermeture de l’usine de Fontenay-le-Comte, qui emploie 380 salariés, s’inscrit dans le cadre d’un nouveau plan de 900 suppressions d’emplois dans le monde par SKF, groupe suédois, leader mondial des roulements à billes.
Philippe de Villiers s’est exprimé sur ce dossier le 3 juillet dernier dans les locaux de l’entreprise SKF sur le site de Fontenay Le Comte en Vendée, lors de la séance du Comité d’entreprise de SKF pour réclamer un rendez-vous avec le patron du groupe suédois qui veut fermer l’usine de Fontenay. Le dirigeant du MPF a activé  le conseil général de la Vendée, qu’il préside, publierait dans les grands journaux une lettre ouverte au PDG de SKF international, le Suédois Tom Johnstone, pour “polluer l’image du groupe” et lui demander de renoncer à fermer son site de Fontenay-le-Comte. Une page de publicité a été publiée dans quatre journaux (Le Monde, Les Echos, l'édition du Financial Time d’Europe du Nord et  Ouest-France).
Sources
http://www.usinenouvelle.com/article/les-salaries-licencies-de-skf-durcissent-le-conflit.N114698
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article89279
http://www.liberation.fr/economie/0101581121-les-skf-veulent-recuperer-leurs-billes
http://www.lemonde.fr/economie/reactions/2009/07/03/philippe-de-villiers-bloque-le-comite-d-entreprise-de-skf_1215047_3234.html
http://www.france-info.com/spip.php?article319938&theme=9&sous_theme=44
http://www.edito-matieres-premieres.fr/0921/entreprises/industrielles/hu-rio-tinto-chinalco-chine.html