Le Maroc et l'Algérie essaient de dépasser leurs contradictions

Le Maroc et l'Algérie, deux "puissances sous régionales" vivent depuis plus de trente ans, dans une guerre froide, réchauffée épisodiquement par des provocations et des désaccords de part et d'autre. Le dialogue officiel entre Rabat et Alger est souvent brouillé par le problème récurrent du Sahara occidental. Cette enclave espagnole coincée entre le Maroc et la Mauritanie, est revendiquée par le Maroc qui entend l'intégrer dans son territoire, ce que réfute justement les sahraouis soutenus par l'Algérie.Le Front Polisario, mouvement indépendantiste soutenu par Alger selon le Maroc, crée d'énormes obstacles au rétablissement normal des relations diplomatiques entre les deux pays, occasionnant même la fermeture depuis 1994 de la frontière terrestre entre le Maroc et l'Algérie, suite à un attentat islamiste à Marrakech, qui fut imputé par le Maroc aux services secrets algériens.
Tout récemment, le Front Polisario a rejeté le projet marocain d'autonomie et réaffirmé, "le droit du Peuple sahraoui à l'autodétermination, via un référendum".
Le Maroc et l'Algérie de par leur poids économique et leur position géostratégique sont l'ossature voire l'épine dorsale de l'Union du Maghreb Arab (UMA). Ce cadre d'intégration sous régionale entre les pays maghrébins souffre beaucoup de cette crise. Certains analystes estiment que les relations entre le Maroc et l'Algérie doivent être empreints de "compromis et de solutions à l'amiable". Les deux pays conscients ont entrepris des relations commerciales bilatérales considérées comme une embellie par les observateurs, nonobstant le retard dans la création d'une zone de libre échange et d'une banque commune pour l'investissement et le commerce extérieur, projet initié par l'Union du Maghreb Arab (UMA) mais jusque là irréalisable à cause des blocages politiques et diplomatiques entre le Maroc et l'Algérie.
En attendant la réouverture de la frontière terrestre entre les deux pays, les hommes d'affaires ont pris les devants pour faciliter les échanges de tous ordres.
Malgré la tension permanente sur le dossier du Sahara, les deux pays ont décidé d'intensifier leurs rencontres commerciales. Les échanges bilatéraux ont doublé lors des trois dernières années, atteignant un volume de 720 millions d'euros l'année dernière, contre 340 millions en 2005. Sur la même période, l'Algérie est passée de18éme à 12éme fournisseur du Maroc et de 33éme à 28éme client du royaume.
Cette évolution est suivie de près par les Etats-Unis, qui ne manquent pas de rappeler la nécessité de l'intégration économique régionale du Maghreb. Le Maroc demeure le premier partenaire commercial de l'Algérie en Afrique. Dans le domaine des échanges touristiques et de travailleurs, 550.000 Algériens ont visité le Maroc en 2007, et 45.000 Marocains vivent et travaillent en Algérie.
Aujourd'hui, les investisseurs des deux pays veulent faire du business indépendamment des différents politiques. C'est dire que la réconciliation entre le Maroc et l'Algérie passera inéluctablement par le rapprochement économique et ensuite politique. Ayant bien compris cela, les hommes d'affaires des deux pays aidés en cela par leurs homologues des autres pays de l'UMA ont  établi un calendrier pour les échanges commerciaux à l'image de la semaine de l'Algérie organisée par la foire de Casablanca du 26 juin au 1er juillet et qui est une occasion pour promouvoir et booster les échanges entre les deux pays, accentués en cela par les flux aux frontières orientales. De son côté, le Maroc a participé à la foire internationale d'Alger qui s'est tenue du 02 au 07 juin dernier.
La fermeture des frontières terrestres entre les deux pays n'a pas empêché les trafics et les échanges. Il existe aussi des liaisons aériennes quotidiennes entre les deux capitales et les grandes villes des deux pays telles que Casablanca au Maroc et Oran en Algérie. La coopération dans le domaine énergétique entre les deux Etats vient de franchir un nouveau palier avec la signature de deux contrats de transit et d'échanges d'énergie entre Sonelgaz et l'Office national de l'électricité du Maroc (ONE).