La poche de la Falémé se trouve au niveau de la frontière entre le Sénégal et le Mali. En fait, la Falémé est une branche du fleuve Sénégal qui, par endroit est entièrement en territoire sénégalais, et par endroit, sur la frontière entre les deux pays précités. Il s’agit d’une zone extrêmement riche en métaux de toutes sortes et surtout en or. Il s’agit également d’une zone très enclavée où les populations qui y vivent peuvent rester six mois sur douze sans pouvoir se rendre au niveau de la partie sénégalaise. La poche de la Falémé n’intéressait pratiquement aucun des deux pays limitrophes avant la découverte de ces importantes potentialités minières. Mais depuis ces découvertes et l’installation progressive des sociétés minières, elle fait l’objet d’un conflit latent et d’un rapport de force très intéressant sur le plan stratégique.
Le Mali a été le premier à prendre conscience de l’importance économique de la zone et à y développe une véritable stratégie pour son implantation définitive. Pour ce faire, l’avantage linguistique a été d’un très grand apport. En effet, les populations de la poche de la Falémé sont d’ethnies Bambara et Sarakolé, ethnies majoritaires dans les régions maliennes frontalières ; si ce n’est dans tout le pays. Il s’y ajoute les facilités de circulation qui existent entre cette zone et le reste du Mali. Il convient de signaler aussi que les Maliens, surtout l’administration territoriale, avaient commencé par inviter les notables de la Falémé lors de certaines cérémonies républicaines ou coutumières. Les populations de cette localité étant confrontées à des problèmes d’état civil, les autorités locales maliennes ont eu à utiliser ce levier pour mieux renforcer leur sentiment d’appartenance à la république malienne. Un troisième atout était relatif au fait que le Sénégal qui a eu des problèmes frontaliers avec la Guinée Bissau (zone où il existerait du pétrole), avec la Mauritanie au nord et sporadiquement avec la Gambie, ne pouvait pas s’offrir un autre conflit frontalier ouvert avec la Mali. La principale faiblesse du Mali dans la gestion de ce problème est que tous les documents administratifs et historiques ainsi que les cartes laissées par le colonisateur français et détenues par les deux parties font état de l’appartenance de cette zone au territoire sénégalais.
La principale faiblesse du Sénégal par rapport à la revendication de cette zone est relative à l’enclavement de la Falémé par rapport au reste du pays. Dans certains endroits, l’enclavement peut durer six mois sur douze. S’ajoute à cela le fait que les autorités sénégalaises aient un peu tardé à s’intéresser à cette zone sur le plan administratif. Ce qui a permis aux maliens d’autoriser dans cette zone l’implantation de sociétés minières. Sur le plan sociologique, les ethnies de la poche de la Falémé sont plus proches des ethnies maliennes que des ethnies sénégalaises. Cependant, dès que l’attention des autorités sénégalaises a été attirée sur les risques de perdre cette zone où des sociétés minières concessionnaires du Mali dans l’exploitation de l’or s’installaient progressivement, la réaction du Sénégal ne s’est pas fait attendre. En effet, le Sénégal a commencé par y édifier une brigade de gendarmerie, une sous-préfecture et une école. Ensuite, ont suivi des opérations de matérialisation conjointe des frontières avec, à l’appui, les documents administratifs et historiques laissés par le colonisateur. Vu les premiers résultats de ces opérations, la partie malienne a commencé à rater les rendez vous et ainsi, ces opérations ont connu quelques difficultés.
A l’analyse, il apparaît une différence nette entre les stratégies utilisées par les deux parties. La partie malienne a utilisé à fond le levier sociologique en passant par la population pour pouvoir atteindre son objectif qui était de contrôle la poche de la Falémé et ses richesses. A l’opposé, le Sénégal a utilisé l’arme institutionnelle et administrative pour marquer sa présence. Cette zone mérite une attention particulière des deux pays limitrophes et le déploiement d’outils d’intelligence économique et stratégique serait très intéressant pour l’une ou l’autre partie.
Cheikh Issa SALL
Le Mali a été le premier à prendre conscience de l’importance économique de la zone et à y développe une véritable stratégie pour son implantation définitive. Pour ce faire, l’avantage linguistique a été d’un très grand apport. En effet, les populations de la poche de la Falémé sont d’ethnies Bambara et Sarakolé, ethnies majoritaires dans les régions maliennes frontalières ; si ce n’est dans tout le pays. Il s’y ajoute les facilités de circulation qui existent entre cette zone et le reste du Mali. Il convient de signaler aussi que les Maliens, surtout l’administration territoriale, avaient commencé par inviter les notables de la Falémé lors de certaines cérémonies républicaines ou coutumières. Les populations de cette localité étant confrontées à des problèmes d’état civil, les autorités locales maliennes ont eu à utiliser ce levier pour mieux renforcer leur sentiment d’appartenance à la république malienne. Un troisième atout était relatif au fait que le Sénégal qui a eu des problèmes frontaliers avec la Guinée Bissau (zone où il existerait du pétrole), avec la Mauritanie au nord et sporadiquement avec la Gambie, ne pouvait pas s’offrir un autre conflit frontalier ouvert avec la Mali. La principale faiblesse du Mali dans la gestion de ce problème est que tous les documents administratifs et historiques ainsi que les cartes laissées par le colonisateur français et détenues par les deux parties font état de l’appartenance de cette zone au territoire sénégalais.
La principale faiblesse du Sénégal par rapport à la revendication de cette zone est relative à l’enclavement de la Falémé par rapport au reste du pays. Dans certains endroits, l’enclavement peut durer six mois sur douze. S’ajoute à cela le fait que les autorités sénégalaises aient un peu tardé à s’intéresser à cette zone sur le plan administratif. Ce qui a permis aux maliens d’autoriser dans cette zone l’implantation de sociétés minières. Sur le plan sociologique, les ethnies de la poche de la Falémé sont plus proches des ethnies maliennes que des ethnies sénégalaises. Cependant, dès que l’attention des autorités sénégalaises a été attirée sur les risques de perdre cette zone où des sociétés minières concessionnaires du Mali dans l’exploitation de l’or s’installaient progressivement, la réaction du Sénégal ne s’est pas fait attendre. En effet, le Sénégal a commencé par y édifier une brigade de gendarmerie, une sous-préfecture et une école. Ensuite, ont suivi des opérations de matérialisation conjointe des frontières avec, à l’appui, les documents administratifs et historiques laissés par le colonisateur. Vu les premiers résultats de ces opérations, la partie malienne a commencé à rater les rendez vous et ainsi, ces opérations ont connu quelques difficultés.
A l’analyse, il apparaît une différence nette entre les stratégies utilisées par les deux parties. La partie malienne a utilisé à fond le levier sociologique en passant par la population pour pouvoir atteindre son objectif qui était de contrôle la poche de la Falémé et ses richesses. A l’opposé, le Sénégal a utilisé l’arme institutionnelle et administrative pour marquer sa présence. Cette zone mérite une attention particulière des deux pays limitrophes et le déploiement d’outils d’intelligence économique et stratégique serait très intéressant pour l’une ou l’autre partie.
Cheikh Issa SALL