Des fermes solaires pas si vertes

A l'heure où l'eau et les terres arables sont devenus des enjeux majeurs pour les pays de notre planète, nous pouvons nous demander s'il est légitime – de surcroit sous couvert du développement durable – de participer au déboisement et de transformer des terres agricoles en centrales électriques?  Certaines sociétés n'hésitent ainsi pas à installer des fermes photovoltaïques en louant des terres agricoles ou en déboisant pour récupérer de la surface plane.
Lorsque les commerciaux de ces sociétés démarchent les propriétaires ou les communes pour louer des terrains agricoles et installer leurs panneaux solaires, leur argumentation avance des points tels que la « remise en état des terrains », c'est à dire qu'une fois la période de location terminée les panneaux seront démontés et l'ensemble du matériel sera enlevé des terrains. Il y a là un déni total de l'impact à long terme sur la qualité des sols et l'écosystème local.  Que devient une terre qui ne prendrait ni le soleil ni la pluie pendant 10, 15 ou 20 ans? Qu'en est-il de l'équilibre écologique, de la faune, de la flore et de la qualité du terrain?
Certains propriétaires ou communes, alléchés par les tarifs de rémunérations annoncées, font le choix de céder leur terrain. Cependant qu'y a t-il de durable ici ? Ou est le développement? Ces centrales ne créent pas ou très peu d'emplois et risquent plutôt sur le long terme d'en supprimer. Prenons exemple de la Provence où nombre de construction sont annoncées. Cette région attirera-t-elle autant de touristes une fois les paysages si réputés seront remplacés par ces centrales? Celles-ci seront-elles aussi populaires que les produits régionaux qui ont fait sa renommée? Alors que nous savons qu'une des difficultés majeures de l'installation des agriculteurs est la difficulté d'accès aux terres, chaque choix d'installation de panneaux solaires sur des terres agricoles ou nécessitant un déboisement participe à la diminution des terres cultivables.
La question de départ était de produire une énergie verte et durable. En supprimant au passage des hectares de terres agricoles ou en déboisant (en replantant en compensation),  il est simple de vérifier que ces installations sont loin d'être durables ou écologiques comme elles nous le promettent. Pourquoi aller chercher à détruire des terres cultivables alors que nous construisons chaque jour quantité d'immeubles, maisons, bureaux, supermarchés ou usines sans un seul capteur solaire? Ces sociétés auraient peut-être intérêt à réfléchir à l’industrialisation de panneaux  sur chaque construction  nécessitant une future consommation d'énergie et penser ainsi le long terme. Elles respecteraient alors le but premier de ce qu'elles vendent au lieu de risquer d’aller à l’encontre de la finalité des énergies durables.

Emmanuelle Auriol