La polémique sur les parabens

Les parabens font partie des conservateurs les plus efficaces (ils agissent contre un large spectre de bactéries et de champignons), les plus sûrs et les plus controversés. Ils conservent depuis plus de trente ans les produits cosmétiques, mais aussi, ce qui est moins su, les aliments et les médicaments. Ils sont apparus pour remplacer d’autres conservateurs, les formaldhéïdes, jugés dangereux. Le pouvoir allergisant des parabens est certes reconnu, mais relativement modéré.  De quelles accusations font-ils alors l’objet ? Le problème est que les parabens sont métabolisés par l’organisme mais également présents, du moins il y a encore quelques années, dans 80% des produits d’hygiène et de beauté.
En France, la question de l’innocuité des parabens se rappelle au grand public le 3 mars 2005  suite à la diffusion d’un Envoyé spécial qui reprenait l’étude de Philipa Varbre de l’Université de Reading (publiée en janvier 2004 dans le Journal of Applied Toxicology). Très largement médiatisées, ses conclusions associaient parabens et cancer du sein. Pour autant l’existence d’un lien de cause à effet entre la présence de parabens et le développement du cancer du sein n’était pas démontrée. De fait, cette étude a été par la suite désavouée et controversée.
Ces éléments et d’autres encore, étaient et demeurent suffisamment confondants pour attiser la polémique. Lors de la diffusion de ce reportage sur la première chaîne publique française, ce sont les produits Yves Rocher qui se retrouvèrent au centre de la cible. La marque française joue depuis de nombreuses années la carte du « naturel » et faisait face ici à des produits, en général de marque allemande, bio ou « sans-sans ». Un mois plus tard, Greenpeace publiait son premier Cosmetox, guide dans lequel ces mêmes marques allemandes sont favorablement évaluées.
Les controverses scientifiques ont permis le développement de la cosmétique bio dont le marketing s’articule autour des arguments du « sans-sans ». Alors que l’innocuité des parabens est remise en cause, que de nombreux forums consacrés à la beauté et à la santé listent les produits avec ou sans parabens, les orientations stratégiques diffèrent selon les marques. Face aux missives scientifiques ou provenant de la sphère bio, l’industrie cosmétique se crispe ou s’adapte. Chez les plus gros groupes comme l’Oréal, des recherches seraient en cours ; mais il faut également noter que l’Oréal en 2006 a racheté le laboratoire drômois Sanoflore et la chaîne britannique The Body Shop, des marques à l’identité éthique forte. D’autres développent leur propre programme de produits sans parabens. Il ne s’agit pas pour autant de valoriser le sans parabens ouvertement,  ce qui en reviendrait à renier leur gamme classique et reconnaître un risque potentiel. De toute évidence, l’absence de parabens est devenue une aubaine commerciale. Il existe même un label no paraben.
Mais la controverse scientifique sait également jouer en faveur de l’industrie cosmétique classique, qui depuis peu contre-attaque : avec le sans parabens se pose en effet la question de la composition des produits de substitutions, moins connus et parfois toxicologiquement  plus suspects que les parabens eux-mêmes.
Aujourd’hui il semble acquis pour l’opinion que les parabens sont dangereux, sans véritablement savoir de quoi il s’agit, mais le message est bien passé. Beaucoup d’encre sans doute, coulera encore autour de ce thème. Au mois de mars dernier, par exemple, le Réseau environnement santé (RES) était créé « afin d’infléchir des décisions publiques qui ménagent encore trop souvent, selon eux, les intérêts industriels au détriment des populations » (communiqué de presse AFP du mercredi 4 mars 2009). Les parabens sont une des cibles prioritaires de ce réseau. Rappelons que les parabens font toujours l’objet d’une surveilance de la part de l’Afssaps mais selon la marque Alter Eco, le retrait des parabens aujourd’hui tiendrait plus de  l’opération de communication que d’une réelle décision sanitaire .

Sources :
http://backchich.infoAvis-au-cosmetique-toxique,06750.html
http://www.efsa.eu.int/press_room/press_release/631/pr_afc01_parabens_fr1.pdf
http://www.copaiba.be/parabens-suite.html
http://www.orserie.fr
http://ec.europa.eu/health/ph_risk/commitees/04_sccp/docs/sccp_o_00d.pdf
http://ec.europa.eu/health/ph_risk/commitees/04_sccp/docs/sccp_o_138.pdf
http://www.foodsafety.gov/-dms/cos-para.html
http://www.parlonscosmétiques.com
http://www.greenpeace.org/raw/content/france/vigitox/documents-et-liens/documents-telechargeables/guide-cosmetox.pdf
Communiqué du 18 septembre 2008 de la FEBEA « les cosmétiques pour les enfants sont strictement contrôlés »