La crise économique actuelle a mis sur le devant de la scène une problématique inédite de « re-moralisation » d’une vie financière marquée par des affaires retentissantes qu’il s’agisse de J. Kerviel ou de B. Madoff. Au banc des accusés de ces dérives on trouve notamment les agences de notation, accusées de couvrir voire d’encourager les manipulations et autres montages opaques.
Les députés européens viennent même de décider la mise sous surveillance de ces entreprises chargées en théorie de minimiser les risques des investisseurs. Ce climat de suspicion généralisé est une aubaine pour certains qui profitent de la crise pour tenter d'instrumentaliser le désir de redéfinition des règles financières internationales. Plusieurs pays envisagent ainsi la création d'une agence de notation nationale qui pourra, à terme, contester le monopole anglo-saxon dans le domaine, de plus en plus désigné comme une des origines de la crise. Ce positionnement est d’autant plus pertinent que, depuis quelques années, les agences de notation, en plus de leur rôle traditionnel de notation des entreprises, ont commencé une activité de notation des pays. De fait, elles ont acquis un rôle géoéconomique important puisqu’une trop mauvaise note attribuée à un pays peut en détourner les investissements étrangers. De plus, l’impact de ces notes pour les pays s’étend aussi à la facilité d’accès au crédit puisqu’un pays mal noté verra le prix de ses crédits augmenter et son accès aux financements compliqué voire verrouillé. Jusqu’à présent, avec le quasi-monopole de Standard and Poor’s et Moody’s, les Etats-Unis disposent d’un formidable outil de pression financière sur l’ensemble des pays de la planète. la Russie se devait d'avoir son agence de notation, a été le premier Etat à se positionner aussi clairement. Sous couvert de la spécificité du marché russe, c'est bien un instrument de pouvoir que se propose de créer le Premier Ministre russe. la COFACE va demander son agrément comme agence de notation en Europe, ce qui à terme pourrait positionner la France comme un pays qui compte dans la sphère économique internationale. Nicolas Mazzucchi