Ludovic François (professeur affilié à HEC et directeur de cette publication) répond à nos questions.
Infoguerre : Pouvez-vous nous présenter en quelques lignes l'équipe de la R2IE, et comment est née la volonté de publier une telle revue sur l'intelligence économique ?
Ludovic François : Je m’intéresse à l’intelligence économique depuis 1996. J’en ai fait une de mes spécialité car je l’enseigne et fait des recherches sur le sujet. Or, rapidement j’ai constaté qu’il n’existait pas de revue académique en IE. Depuis longtemps j’ai le projet d’en créer une. J’ai alors bâti le projet de R2IE avec Lavoisier. J’en ai ensuite parlé à Damien Bruté de Rémur de l’université de Montpellier et à Nicolas Menguy, chercheur dans cette même institution. L’un et l’autre m’ont rejoint. Le premier assure la rédaction en chef et Nicolas est secrétaire général de rédaction. Je profite de cette tribune que vous m’offrez pour saluer leur travail remarquable et leur implication dans le projet. Nous bénéficions du soutien du Réseau International en Intelligence Informationnelle et du groupe de recherche auprès du Haut Responsable en Intelligence Economique que préside Damien.
Comment positionnez-vous R2IE par rapport au autres publications existantes sur les problématiques d'intelligence économique, et à quel(s) public(s) s'adresse-t-elle ?
R2IE est à mon sens unique car à ma connaissance il n’existe pas de revue équivalente. Par rapport aux autres publications qui existent en IE nous avons un positionnement recherche. C'est-à-dire que l’ensemble de nos articles sont évalués à l’aveugle par au moins deux membres du comité de lecture. Les articles ne sont pas des réflexions sur l’IE. Ils doivent être construits scientifiquement intégrant une revue de la littérature et une expérimentation. Le comité de lecture est exigeant car il a refusé plusieurs articles et ceux qui ont été acceptés ont pour la plupart été renvoyés à leurs auteurs avec des demandes d’approfondissement ou de structuration.
Comment s'effectue la sélection des sujets d'articles ?
Nous définissons tous les 3 les sujets que l’on souhaiterait voir aborder dans la revue et rédigeons des appels à communication. Ceux ci sont diffusés dans la revue et sur notre site. Ensuite les auteurs nous envoient des projets de publication (1 à deux pages expliquant le projet de recherche). Nous effectuons un premier filtre. Les auteurs qui ont vu leur projet retenu ont plusieurs mois pour nous proposer leur article. Celui-ci est ensuite passé au comité de lecture qui décide soit de refuser la publication, soit demande des aménagements, soit l’accepte tel quel.
Comment choisissez-vous les auteurs ?
En ce qui concerne les auteurs n’importe qui peut nous proposer des articles. Nous incitons même à nous envoyer des projets ou des articles hors appel à communication sur des sujets qui relèvent bien entendu de l’intelligence économique (Veille, investigation, protection de l’information, influence, éthique de l’IE, intelligence territoriale, etc.). La moitié des auteurs sont des universitaires, l’autre moitié des professionnels qui ont une fibre recherche. Nous souhaitons être une revue de recherche mais nous voulons rester ancrés dans la réalité du terrain et c’est pourquoi il me paraît absolument nécessaire de croiser les approches.
Quels sont vos objectifs à court et moyen terme, et quelles sont vos perspectives en termes de tirages ?
Cette année nous allons publier deux numéros. A terme sans vraiment fixer de délai nous souhaitons publier 4 numéros par an. Notre objectif à moyen terme est d’obtenir un classement de notre revue. Comme vous le savez il existe des listes de revues scientifiques sur lesquelles se base l’évaluation des enseignant-chercheurs. Ceux-ci doivent en effet publier dans celles qui sont classées. Notre objectif de tirage est faible car notre revue n’est pas grand public. Bien entendu la pérennité de la revue repose en grande partie sur le nombre d’abonnés qui, compte tenu du prix au numéro, seront plus des institutions que des particuliers.
Le second numéro est en cours de préparation. Pouvez-vous nous en dire davantage sur les principales thématiques que vous avez retenues à ce titre ?
Bien sûr. Nous souhaitons intégrer à ce numéro quelques articles portant sur deux thématiques qui nous semblent incontournables, compte tenu du niveau de maturité qu'a atteint l'intelligence économique en France. D'abord, nous proposerons quelques éléments d'épistémologie, dans la mesure où la recherche française en la matière commence à se structurer, mais manque encore cruellement d'un consensus quant au périmètre du socle théorique communément admis. Nous essaierons donc de voir quels sont les champs disciplinaires qui concourent à la constitution d'un corpus pour l'IE. Ensuite, nous souhaitons publier des papiers sur la protection du patrimoine informationnel. Vous savez certainement que depuis plus d'un an, et encore très récemment avec un conflit opposant une grande entreprise française à une ONG, les affaires d'espionnage et les attaques informationnelles en tous genres deviennent légion. C'est d'ailleurs à peine si elles surprennent encore! Nous souhaitons donc, au moment où le Ministère de l'intérieur cherche à encadrer un peu mieux la profession, faire le point sur la déontologie et surtout, sur ces modes de déstabilisation contemporains.
Pour en savoir plus :
Site de la revue : http://r2ie.fr.nf
Publication liée à la revue : François L, « Intelligence territoriale », Lavoisier, 2008 (http://www.wmaker.net/veillemag/L-intelligence-economique-appliquee-au-territoire_a63.html)
Ludovic François dirige également une collection spécialisée en Intelligence économique : http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=collection&no=667
Retrouvez prochainement une présentation du premier numéro de R2IE sur Infoguerre.
AVS