déployés depuis le mois de novembre 2008, servent à la préparation et au suivi de toutes les opérations françaises dans l’Est du pays. Les drones de type SDTI, manœuvrés par les spécialistes du 61e RA de Chaumont, seul « régiment de drones » de l’Armée française, permettent de réagir en temps réel aux menaces pouvant surgir n’importe où et n’importe quand sur un théâtre comme l’Afghanistan.
Ces drones, en service dans l’Armée française depuis 2004, permettent, en plus des missions de renseignement classiques, de déclencher rapidement et précisément un tir d’artillerie ou l’engagement de l’aviation en soutien des troupes au sol, leur permettant de se dégager ou de bénéficier d’un appui-feu plus qu’appréciable. Cette nouvelle possibilité a un coût puisque ce ne sont pas moins d’une quinzaine de poids-lourds qui sont nécessaires au lancement, à l’analyse et à la maintenance d’un seul « système » SDTI. Son « cousin », le drone CL 289, à l’utilité différente puisqu’utilisant un film argentique, est quant à lui actuellement déployé au Tchad pour surveiller la frontière soudanaise, type de mission dont il s’est déjà acquitté avec brio dans les Balkans.
Les drones français, utilisés depuis 1995 de manière opérationnelle, se sont avérés d’appréciables outils de renseignement que ce soit en Bosnie, au Kosovo ou en Macédoine. Néanmoins, malgré de nombreux exemples de leur utilité, ces derniers apparaissent un peu comme le « parent pauvre » de la fonction renseignement de l’armée. Alors qu’une armée comme Tsahal emploie des drones de manière très intensive, l’Armée française semble ne les employer qu’au compte-goutte. En effet, lors de l’offensive au Liban en 2006, la planification opérationnelle de chaque action au sol était assurée par des reconnaissances de drones, ces derniers venant aussi en appui des forces spéciales pour permettre une réaction rapide du commandement selon les évènements. Le panel de drones déployé par Tsahal est impressionnant et semble couvrir l’ensemble du spectre des missions de renseignement et même de combat, permettant ainsi d’économiser plus de vies lors des interventions au sol.
La France, comparée à cet exemple, semble bien en retard. Il aura fallu attendre Uzbeen et ses morts pour voir enfin arriver « les diables noirs » sur le sol afghan ; le SDTI avait même été envoyé au Liban en 2007 mais n’y avait pas effectué le moindre vol. Il faut dire que le drone, voire l’ensemble des moyens de renseignement technologique (satellite, électronique), n’est pas, loin s’en faut, une priorité dans l’Armée française. En effet il est étonnant de remarquer qu’au sein de la formation des officiers aucune place ne soit accordée aux missions de renseignement technologique si bien que lorsque les drones sont déployés en mission, les contraintes de leur utilisation (couloirs de vol, franchissement d’espace aérien souverain) ne sont pas ou très mal connues par le commandement opérationnel.
De plus, le haut-commandement préfère toujours concentrer ses moyens de collecte d’information sur du renseignement uniquement humain, savoir faire reconnu au sein des forces armées françaises. Alors que la combinaison systématique renseignement humain – renseignement technologique pourrait être la clé de nombreuses opérations, chacun complétant parfaitement l’autre selon le terrain, l’Etat-major semble ne vouloir employer ses drones que de manière ponctuelle et partielle. On se souvient qu’en 1940, lors de l’embouteillage de blindés consécutif au franchissement des Ardennes par l’armée allemande, l’aviation, moyen de renseignement technologique de l’époque, avait vainement tenté d’alerter des chefs ne se fiant qu’au « visu ». Il serait fort dommage que le haut-commandement de l’armée reproduise les mêmes erreurs que par le passé…
Nicolas Mazzucchi