L’affichage philanthropique n’a décidément pas fini de voler au secours des entreprises dont l’activité est décriée. La filière des énergies éoliennes n’échappe pas à ce travers, tant ses promoteurs semblent peiner, en dépit des apparences, à présenter au-delà de leurs vertueuses préoccupations environnementales et sociétales un discours parfaitement convaincant auprès du grand public quant au bien-fondé de leur activité. Les sites web d’un grand nombre d’entre eux témoignent de leur souci d’intégrer dans leur communication les oppositions formulées par les populations locales afin de mieux en maîtriser l’impact. Le principe de l’association systématique de ces populations au projet dans une logique d’information et de concertation, résultant toutefois d’une obligation légale, est ainsi constamment réaffirmé. Mais au-delà de ce discours d’ouverture rassurant, certains usent insidieusement de divers biais pour discréditer la nature de l’opposition.
Ainsi, par exemple, tandis qu’Eole Res cherche à induire dans l’esprit du visiteur de son site la croyance en cette vérité universelle selon laquelle « l’apparition d’éoliennes dans le paysage est appréciée comme symbole esthétique d’un développement durable préservant l’avenir des générations futures », Ventura préfère jouer la compréhension condescendante en voyant dans l’opposition à ses projets l’expression d’une simple « méfiance usuelle devant un projet novateur ».
Quel peut dès lors être le discours des promoteurs au contact direct des riverains? Le site de la Compagnie du vent, filiale du groupe GDF Suez, nous en livre un aperçu pour le moins édifiant. Dans un communiqué de presse du 9 mars 2009, scrupuleusement rédigé sur le même modèle que ses communiqués antérieurs annonçant l’ouverture d’une enquête publique, cette société invite les riverains à donner « librement » leur avis sur un « dossier complet » dans le cadre d’une « concertation très large », témoignant ainsi de son ouverture et de la transparence dans laquelle elle prend soin d’organiser la consultation. Admettons. Mais alors pourquoi ce besoin de préciser aussitôt qu’« un sondage LH2 révèle que 90 % des Français sont favorables au développement de l’énergie éolienne, car ils reconnaissent à 61 % qu’elle est intéressante pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre. » Et pourquoi poursuivre encore ainsi : « Toutefois, cette écrasante majorité reste le plus souvent silencieuse. Cette tendance changera-telle à Mesnil-Raoul ? En tous cas, l’information des riverains pendant le développement du projet, et notamment lors des réunions publiques, n’a soulevé quasiment aucune opposition » ?
Serait-ce pour tenter de présenter là encore comme porteur de valeurs universelles et incontestables ce projet en se retranchant derrière des études statistiques aux paramètres d’élaboration toutefois non précisés -et rendues par là même douteuses-, tout en insistant sur un argument environnemental fort auquel il serait infâmant et culpabilisant pour l’individu de ne pas adhérer ? Serait-ce pour isoler les voix dissonantes, inciter au mimétisme et orienter les comportements grégaires fréquemment observables au sein de toute communauté ? Que reste-t-il au terme de ce discours de la liberté de l’individu et de son libre arbitre ? Probablement bien peu de choses.
Il en irait donc ainsi des grands principes énoncés par l’industrie éolienne confrontés à la réalité de leur mise en œuvre. Rappelons que le conseil d’administration de France Energie Eolienne, branche éolienne du Syndicat des énergies renouvelables, auquel siègent chacune des entreprises précédemment citées avait réaffirmé publiquement au titre de ses objectifs pour 2008 « la poursuite des efforts menés par la filière en matière de communication auprès du grand public ». C’est donc un bien pudique euphémisme que de considérer que l’argumentaire développé par ces entreprises ô combien citoyennes afin de légitimer leur activité mériterait d’être plus abouti, à moins, évidemment, que n’en soient là atteintes les limites.
Clarisse Arnould
Sources
http://www.compagnieduvent.com/
http://pagesperso-orange.fr/cabinet.germa/doc/cpepvoiedumoulin.pdf
http://www.eoleres.com/generalites.html
http://www.sa-ventura.com/site/PageGe/CadreContenu.php3?IdPage=121&Cours=Portrait
http://www.eoleres.com/pdf/industrie/2007_11_05%20CP%20CA_objectifs_FEE_2008.pdf
Ainsi, par exemple, tandis qu’Eole Res cherche à induire dans l’esprit du visiteur de son site la croyance en cette vérité universelle selon laquelle « l’apparition d’éoliennes dans le paysage est appréciée comme symbole esthétique d’un développement durable préservant l’avenir des générations futures », Ventura préfère jouer la compréhension condescendante en voyant dans l’opposition à ses projets l’expression d’une simple « méfiance usuelle devant un projet novateur ».
Quel peut dès lors être le discours des promoteurs au contact direct des riverains? Le site de la Compagnie du vent, filiale du groupe GDF Suez, nous en livre un aperçu pour le moins édifiant. Dans un communiqué de presse du 9 mars 2009, scrupuleusement rédigé sur le même modèle que ses communiqués antérieurs annonçant l’ouverture d’une enquête publique, cette société invite les riverains à donner « librement » leur avis sur un « dossier complet » dans le cadre d’une « concertation très large », témoignant ainsi de son ouverture et de la transparence dans laquelle elle prend soin d’organiser la consultation. Admettons. Mais alors pourquoi ce besoin de préciser aussitôt qu’« un sondage LH2 révèle que 90 % des Français sont favorables au développement de l’énergie éolienne, car ils reconnaissent à 61 % qu’elle est intéressante pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre. » Et pourquoi poursuivre encore ainsi : « Toutefois, cette écrasante majorité reste le plus souvent silencieuse. Cette tendance changera-telle à Mesnil-Raoul ? En tous cas, l’information des riverains pendant le développement du projet, et notamment lors des réunions publiques, n’a soulevé quasiment aucune opposition » ?
Serait-ce pour tenter de présenter là encore comme porteur de valeurs universelles et incontestables ce projet en se retranchant derrière des études statistiques aux paramètres d’élaboration toutefois non précisés -et rendues par là même douteuses-, tout en insistant sur un argument environnemental fort auquel il serait infâmant et culpabilisant pour l’individu de ne pas adhérer ? Serait-ce pour isoler les voix dissonantes, inciter au mimétisme et orienter les comportements grégaires fréquemment observables au sein de toute communauté ? Que reste-t-il au terme de ce discours de la liberté de l’individu et de son libre arbitre ? Probablement bien peu de choses.
Il en irait donc ainsi des grands principes énoncés par l’industrie éolienne confrontés à la réalité de leur mise en œuvre. Rappelons que le conseil d’administration de France Energie Eolienne, branche éolienne du Syndicat des énergies renouvelables, auquel siègent chacune des entreprises précédemment citées avait réaffirmé publiquement au titre de ses objectifs pour 2008 « la poursuite des efforts menés par la filière en matière de communication auprès du grand public ». C’est donc un bien pudique euphémisme que de considérer que l’argumentaire développé par ces entreprises ô combien citoyennes afin de légitimer leur activité mériterait d’être plus abouti, à moins, évidemment, que n’en soient là atteintes les limites.
Clarisse Arnould
Sources
http://www.compagnieduvent.com/
http://pagesperso-orange.fr/cabinet.germa/doc/cpepvoiedumoulin.pdf
http://www.eoleres.com/generalites.html
http://www.sa-ventura.com/site/PageGe/CadreContenu.php3?IdPage=121&Cours=Portrait
http://www.eoleres.com/pdf/industrie/2007_11_05%20CP%20CA_objectifs_FEE_2008.pdf