Le non des Etats-Unis à la politique antidrogue de Saint Domingue

En 2008, le gouvernement de Saint Domingue a voulu acquérir de l’armement anti-aérien pour équiper des appareils militaires afin d’intercepter les avions des narcotrafiquants qui transportent la drogue vers les Etats-Unis. Pour valider cette décision, un projet de loi devait être déposé devant le Parlement local. Quelle ne fut pas la surprise des autorités de Saint Domingue en recevant une lettre du Département d’Etat américain à propos de cette future loi. Dans ce courrier officiel, les Etats-Unis mettaient en garde le gouvernement de Saint Domingue pour le prévenir qu’il perdrait l’aide financière des Etats-Unis si un tel projet de loi était voté. Cette position peut sembler incompréhensible par rapport aux déclarations officielles de Washington sur la lutte contre la drogue et le narcotrafic.  Comment expliquer une telle contradiction ? Plusieurs hypothèses sont possibles pour expliquer cette attitude. La première porte sur  l’enjeu géostratégique du narcotrafic et son impact sur le blanchiment de l’argent. Dans sa lutte contre les sandinistes du Nicaragua ou les révolutionnaires du Frente Farabundo Marti de liberacion Nacional du San Salvador, les Etats-Unis n’ont pas hésité à recourir au trafic de drogue pour financer la lutte antiguérilla. En 1986, le colonel North avait été condamné dans le cadre de l’affaire de l’Irangate pour avoir organisé un montage compliqué fondé à la fois sur le trafic de drogue, la vente d’armes à l’Iran afin de financer les « contras » contre les sandinistes au Nicaragua. Plusieurs protagonistes de l’affaire, condamnés eux aussi, se sont retrouvés en 2006 dans l’entourage du Président Bush comme Michael Leeden et l’amiral Poindexteer. La seconde raison est le risque de retombées sur le plan social que pourrait provoquer une rupture brutale d’une partie de l’approvisionnement de la drogue aux Etats-Unis. La troisième raison est le soupçon de corruption qui pèse sur la Drug Enforcement Administration (DEA). La masse d’argent de la drogue rend l’agence fédérale antidrogue américaine particulièrement vulnérable à la manipulation de certains de ses agents par les trafiquants.