Le 7/9 diffusé chaque matin sur la radio de service public va bientôt rentrer dans la légende. Aucune radio n’est allée aussi dans une approche subversive de la politique d’un gouvernement. Le journal de 7h30 d’Agnès Bonfillon est un tract quasi permanent réécrit en style journalistique pour la circonstance. La chronique Cartier libre de 7h50 de Caroline Cartier est un exercice de style qui n’aura pas déplu aux spécialistes de l’agit prop du communisme russe des années 20. Les envolées lyriques à 7h53 des comiques de service ne sont pas mal non plus. Elles sont d’autant plus décapantes qu’elles ont parfois le ton juste étant donné l’état catastrophique de la vie politique de ce pays. Cette entreprise de démolition ne s’arrête pas là. La grille de France Inter est une mine de charges creuses, jusque dans les émissions à vocation culturelle comme le masque et la plume dans laquelle hier soir le journaliste de France Inter Arnaud Viviant parlait de Sarkozy comme d’un poids à porter et à subir. Et tout cela dans une période de calme relatif. On se demande quel ton va prendre cette radio si le mouvement de révolte qui est en train de naître aux Antilles et à la Réunion fait tâche d’huile dans l’hexagone ? Le métier de journaliste n’a rien de simple. Il est d’autant plus tentant de franchir les limites de l’information lorsque le pouvoir exécutif se prête à ce jeu de manière quasi permanente mais la dérive actuelle de France Inter est à mettre au compte de l’évolution dangereuse que pourrait ce pays dans ces circonstances difficiles.